à la fin de 2023, l’administration avait alerté l’exécutif des risques d’une nouvelle réforme
Dans sa volonté de réformer l’assurance chômage, le gouvernement peine à trouver des soutiens. Sans surprise, les syndicats s’opposent farouchement à un nouveau durcissement des conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi. De nombreux économistes critiquent également le bien-fondé d’un tel projet, tout comme plusieurs personnalités de la majorité. Mais, de manière plus inattendue, des réserves ont également été exprimées par l’administration, bien avant que la polémique n’éclate.
Dans une note révélée par Médiapartle 28 mars, et que Le monde a été obtenue, l’exécutif a été prévenu, dès l’automne 2023, par deux services du ministère du Travail : la direction d’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) et la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). A l’époque, l’hypothèse d’un serrage supplémentaire de la vis pour les chômeurs n’était pas ouvertement évoquée. Mais l’Elysée y réfléchissait déjà, comme le montre le document de six pages réalisé par des agents de l’Etat, qui n’est pas daté mais remonte à septembre ou octobre 2023. Interrogé sur la possibilité d’un nouveau raccourcissement de la durée d’indemnisation de l’emploi. chercheurs, les auteurs de la note considèrent qu’une telle idée est « prématuré(e) ».
Cette expertise répond à « une ordonnance prise dans le contexte de l’automne 2023, qui était celui d’un éventuel échec des négociations communes sur l’accord sur l’assurance chômage », a précisé Catherine Vautrin, à l’Assemblée nationale, mercredi 3 avril, interrogée sur le contenu du document, auquel deux élus socialistes – le député Jérôme Guedj (Essonne) et le sénateur Claude Raynal (Haute-Garonne) – avaient demandé l’accès. quelques jours plus tôt. La ministre du Travail a été interviewée lors d’un débat sur le « bilan des réformes de l’assurance chômage depuis 2017 », lancé à l’initiative du groupe socialiste à l’Assemblée. Gestionnaires du dispositif d’indemnisation à travers l’Unédic, les partenaires sociaux ont entamé il y a sept mois des discussions qui ont abouti, le 10 novembre 2023, à un accord retravaillant les paramètres de l’assurance chômage.
« Différence de traitement »
Avant ce compromis, la Dares et la DGEFP ont donc été invitées à examiner un scénario « privilégié par le président de la République » : réduire, une nouvelle fois, la période pendant laquelle les personnes privées de travail bénéficient d’une allocation. Une telle mesure avait déjà été mise en œuvre par l’exécutif, en février 2023, au nom du principe de « contracyclicité ». L’objectif affiché était de prévoir des dispositions plus strictes pour les chômeurs lorsque l’économie se porte bien et plus généreuses lorsque l’activité s’effondre. Résultat : la durée d’indemnisation, pour les personnes de moins de 53 ans, a été réduite de vingt-quatre à dix-huit mois. Le projet envisagé par Emmanuel Macron était d’abaisser encore davantage ce curseur, à quatorze mois et demi, l’objectif étant de« inciter davantage » à la reprise rapide d’un poste.
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