A l’approche du retour au pouvoir de Donald Trump, le représentant de Joe Biden à la conférence annuelle de l’ONU sur le climat à Bakou a promis lundi que l’action climatique se poursuivrait aux Etats-Unis, dans une journée tumultueuse marquée par les dissensions Nord-Sud.
La perspective d’un retrait américain de l’accord phare de Paris (2015), pour la deuxième fois, affaiblit la parole des négociateurs de la première puissance mondiale.
Les COP en ont déjà fait l’expérience sous le premier mandat de Donald Trump (2017-2021) : à l’époque, les États, les villes et les entreprises américaines avaient promis de compenser, au moins en partie, les revers au niveau fédéral.
« Même si le gouvernement fédéral américain de Donald Trump suspendait son action climatique, le travail visant à contenir le changement climatique se poursuivrait aux États-Unis », a déclaré John Podesta, l’envoyé américain pour le climat pendant encore deux mois.
Le thème de la coopération entre États, alors que le monde n’a toujours pas réussi à stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre, est le thème de toute cette conférence, organisée par l’ONU et l’Azerbaïdjan.
« Il est temps de montrer que la coopération mondiale n’est pas au point mort. C’est à la hauteur du moment», a déclaré le chef de l’ONU sur le changement climatique, Simon Stiell.
Le principal défi de la COP29 est de fixer le montant de l’aide climatique des États développés aux pays en développement afin qu’ils se développent sans charbon ni pétrole et puissent faire face à davantage de vagues de chaleur et d’inondations. Aujourd’hui à 116 milliards de dollars par an (en 2022), la future aide climatique devra être plus que décuplée, selon les pays pauvres.
Les pays développés ont contracté une « dette climatique », a lancé Tasneem Essop, du Réseau Action Climat (CAN), qui regroupe des milliers d’ONG.
Mais les Occidentaux jugent irréalistes les ordres de grandeur avancés pour leurs finances publiques.
Le président de la COP29, Mukhtar Babaev, a parlé de « centaines de milliards » dans son discours d’ouverture, mais aucun négociateur n’a dévoilé ses cartes.
– Agenda bloqué –
Au terme d’une première journée atone et après des heures de retard dues aux dissensions entre blocs de pays, les près de 200 pays réunis ont fini par adopter une première décision : les premières grandes règles onusiennes pour le marché des crédits carbone, jusqu’ici sans régulation internationale et sujet aux abus, à la fraude et au greenwashing.
Les pays en développement, avec la Chine et l’Inde, se sont également battus en coulisses sur l’ordre du jour, bras de fer très symbolique des tensions avec les pays riches, qui sera le refrain de toute cette COP, censée s’achever le 22 novembre.
– L’Accord de Paris en danger –
« La COP29 est un moment de vérité pour l’accord de Paris », a déclaré M. Babaev, ministre azerbaïdjanais de l’Écologie et ancien cadre de la compagnie pétrolière nationale Socar, lors de l’ouverture lundi.
Environ 51 000 participants sont accrédités, selon l’ONU Climat. De nombreuses ONG critiquent la tenue de la conférence dans un pays qui célèbre le pétrole comme un « don de Dieu », et où les autorités ont arrêté et poursuivent plusieurs militants écologistes.
Il suffira d’une signature pour que Donald Trump, lors de son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier, rejoigne l’Iran, le Yémen et la Libye en dehors de l’accord quasi universel adopté à Paris en 2015.
Cet accord est le moteur qui a permis de modifier la trajectoire du réchauffement autour de 3°C ou moins d’ici 2100, contre 1,3°C déjà en moyenne aujourd’hui, et probablement 1,5°C sur une année en 2024.
A Paris, les pays se sont engagés à limiter le réchauffement à 1,5 ou 2°C, par rapport à 1850-1900.
– Absents –
Les Européens jurent qu’ils redoubleront d’efforts pour compenser le retrait américain, mais ils sont peu nombreux à Bakou. Et seule une poignée de dirigeants du G20 seront présents.
L’argent public provenant des pays développés, aujourd’hui à hauteur de 69 % des prêts selon l’OCDE, permet de construire des centrales solaires, d’améliorer l’irrigation, de construire des digues ou d’aider les agriculteurs à faire face aux sécheresses.
Mais l’heure est plutôt à l’austérité (en Europe) ou au désengagement international (aux Etats-Unis).
publié le 11 novembre à 19h12, AFP