à la cérémonie d’ouverture, instruments à cordes sous la pluie et sous escorte policière
Des musiciens recouverts de ponchos en plastique, un chef d’orchestre sur le pont tel un capitaine de navire dans la tempête, des instruments malmenés par la pluie : ces quelques images de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques du 26 juillet ont suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, beaucoup s’inquiétant à juste titre de la » mauvais « traitement infligé aux instruments à cordes (pianos, violons, altos, violoncelles et contrebasses), qui n’ont jamais été conçus, contrairement aux instruments à vent et à percussion, pour l’air libre.
« Quand on nous a dit qu’on jouerait à 20 heures en extérieur, on s’est tout de suite demandé s’il y aurait un endroit pour s’asseoirdéclare François Lesage, directeur technique de l’Orchestre de Paris en résidence à la Philharmonie de Paris. Et quand il a été établi qu’il n’y en aurait pas, nous avons immédiatement choisi de remplacer les instruments personnels des musiciens par des instruments bas de gamme. » Les pièces musicales ayant toutes été enregistrées à l’avance pour être diffusées, la qualité sonore du concert acoustique, même si les musiciens avaient effectivement joué, revêtait une importance toute relative. C’est ainsi qu’après avoir réquisitionné l’instrumentarium désaffecté (en fin de vie) du Service de l’éducation et des ressources de la Philharmonie, ainsi qu’une partie de celui de l’Orchestre des jeunes Démos, François Lesage s’est mis à louer des contrebasses.
« Aucun de nos soixante et onze musiciens n’a refusé de jouer sous la pluie »précise François Lesage. Il est vrai que, protégés dans les embrasures des fenêtres de la Cour de cassation, bois, cuivres et percussions ont pu souffler sans dommage, laissant aux cordes, nichées sur un podium longeant le quai et la façade de l’édifice, le privilège de vingt longues minutes de baptême olympique.
Course contre le temps
L’Orchestre de Paris s’est également réjoui de pouvoir disposer d’archets non pas en bois mais en carbone, achetés pour une tournée nord-américaine en mars. Comme tous les pays membres de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), les Etats-Unis n’acceptent plus l’entrée sur leur territoire d’objets en bois de pernambouc (traditionnellement utilisé dans la fabrication des archets), en écaille de tortue, en ivoire ou en nacre, sauf à obtenir un certificat spécifique, coûteux et chronophage..
De son côté, l’Orchestre National de France avait simplement prévenu que s’il pleuvait, il ne jouerait pas. C’est ce qui s’est passé lors La Marseillaise. « Nous étions collés à l’application RainTodayaffirme Michel Orier, directeur de la musique et de la création culturelle à Radio France. Et nous avons vu le nuage avancer en 3D. Il n’est pas question de mettre en péril des instruments dont les prix vont de 60 000 euros à plusieurs millions. « Quand nous avons appris que l’Orchestre de Paris avait des instruments de rechange, nous les avons immédiatement contactés. »Une véritable course contre la montre s’engage alors à Paris.
Il vous reste 48.11% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.