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À Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, ceux qui n’ont pas fui vivent sous la menace des attaques du Hezbollah

Dans la ville la plus au nord d’Israël, Kiryat Shmona, la plupart de la population a fui pour échapper aux tirs du Hezbollah.

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Fumée provenant de roquettes tirées depuis le Liban vers le nord d'Israël près de la ville de Kiryat Shmona, en juin 2024. (JACK GUEZ / AFP)

Rendre coup pour coup à Israël, quelles qu’en soient les conséquences: tel est le message du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, dans un discours prononcé mardi 6 août. Depuis le début de la guerre, le Hezbollah a ouvert un nouveau front à la frontière nord d’Israël. :échanges de tirs quotidiens, drones, tirs de roquettes… Mardi, 14 personnes ont été blessées lors de ces attaques.

Près de 80 % de la population de la région a fui depuis le début de la guerre pour échapper aux tirs directs du Hezbollah. C’est le cas à Kiryat Shmona, la ville la plus septentrionale d’Israël, à seulement cinq kilomètres de la frontière. 000 habitants avant la guerre, il n’en reste plus aujourd’hui qu’un à deux mille.

A l’approche de Kiryat Shmona, les feux de circulation clignotent sur les routes désertes. Dans la grande zone commerciale déserte, le vétérinaire Rami Perlstein attend dans les allées de l’animalerie. : « Dès le début, j’ai dit que je resterais jusqu’à la fin. Car je suis vétérinaire, et qu’il y ait guerre ou paix, je suis là pour prendre soin des animaux. Il y a beaucoup de gens qui vivent plus au sud, à dix minutes à peine, et qui ont peur de venir à Kiryat Shmona, car après la colline là-bas, c’est le Liban. » Chaque jour, le même programme : « À partir de 14 heures, les terroristes du Hezbollah commencent à nous tirer dessus et il vaut mieux ne pas rester ici après cette heure-là. »

« Les autorités disent qu’on a 15 secondes pour se mettre en sécurité. Mais en fait, on entend l’alerte et une ou deux secondes après la sirène, elle tombe. »

Rami Perlstein, vétérinaire israélien

à franceinfo

Il y a quelques jours, des débris d’une roquette ont touché sa voiture. Dans un coin, un perroquet attend dans sa cage. « Nous le récupérerons dans deux semaines », Les propriétaires avaient déclaré lors de leur évacuation. Près d’un an s’est écoulé et ils ne sont jamais revenus. Une femme entre, dans ses bras, un vieux chien essoufflé enveloppé dans une serviette. Elle s’appelle Neta, elle habite à 20 minutes. Son vétérinaire est parti à la guerre : « J’étais terrifié, je roulais à toute vitesse, les yeux fixés sur le ciel, les montagnes. Cette nuit, nous avons eu une attaque. Nous avons été réveillés à deux heures du matin par des sirènes, de grosses explosions. »

Son fils aîné est réserviste, le deuxième est à Gaza, le troisième y a été blessé au début de la guerre. : « Je n’ai pas peur, je suis furieuse. Parce que le monde ne comprend pas ce que nous traversons. Nous sommes attaqués, critiqués, hostiles. » Dans le magasin voisin, la climatisation ne fonctionne plus. Il y a deux jours, une roquette s’est abattue sur l’unité extérieure. La boucherie ouvre sur des étals vides. Khattar, le propriétaire, a vu partir ses 16 employés. Il ne vit que grâce aux livraisons au Golan et ce ne sont pas les petites subventions de l’État qui compensent les pertes. Ici, avant, c’était noir de monde. Khattar est fatigué : « C’est effrayant… Il faut être sur ses gardes, toujours être à proximité d’un abri. Écouter les recommandations des autorités. »

Au loin, des tirs d’artillerie retentissent. Rami, le vétérinaire, remonte dans sa voiture. Deux heures plus tard, de nouvelles roquettes s’abattront sur Kiryat Shmona.

Le reportage de Claude Guibal et Marc Garvenes chez Kyriat Shmona

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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