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A Kinshasa, la progression du Mpox hors de contrôle

A Kinshasa, la progression du Mpox hors de contrôle

De nouveaux patients chaque jour. Dans l’est de Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), le docteur Samy, chef du centre de traitement Mpox (CTM) de l’hôpital général de Kinkole, est submergé par les demandes de soins de patients testés positifs. D’autant que les deux autres zones de quarantaine de la ville ont dépassé leur capacité maximale d’accueil et redirigent leurs flux vers Kinkole.

A Kinshasa, mégapole de 17 millions d’habitants, il n’existe qu’un peu plus d’une centaine de lits dédiés à l’accueil des patients Mpox, répartis dans les trois centres de traitement mis en place pour faire face à l’épidémie. prochains jours, selon les autorités. A ce stade, la RDC est le pays le plus touché par l’épidémie de Mpox avec 42 912 cas suspects, dont 9 454 cas confirmés. Au total, 1 132 décès ont été enregistrés.

Des flaques d’eau stagnantes à côté des lits des patients

Le docteur Samy est inquiet. Un appel vient d’arriver : toute une famille malade – parents et deux enfants – doit être mise en quarantaine. « Nous ne disposons actuellement que de 28 lits pour accueillir les patients atteints de Mpox et toutes les places sont déjà occupées » il explique.

Manque d’électricité, toilettes insalubres, flaques d’eau stagnante à côté des lits des patients… Mi-octobre, des patients Mpox internés au CTM de Masina, à Kinshasa, ont partagé sur les réseaux sociaux une vidéo où ils s’adressaient au ministre congolais de la Santé. pour dénoncer leur condition de quarantaine. « Nous souffrons du virus Mpox, mais nous sommes aussi dans un environnement malsain» un homme vêtu de blanc se plaint en lingala. Nous sommes venus nous faire soigner et nous avons attrapé la fièvre typhoïde. » Ces images largement partagées ont été vues par le docteur Samy et son équipe.

C’est à l’écart des autres bâtiments de l’hôpital que l’on retrouve les patients. Un bâtiment d’une centaine de mètres carrés dans lequel hommes et femmes sont séparés par un paravent. Âge moyen 30 ans. Le plus jeune patient, dans les bras de sa mère, n’a que deux mois. Les médecins se déplacent vêtus de combinaisons de protection bleu électrique, de masques de protection du visage et de visières en plastique, ne laissant aucune trace de peau visible.

Ici, il n’y a guère d’autre occupation, entre chaque visite chez le médecin, que de regarder la télévision et de compter les jours jusqu’à la sortie de l’hôpital. L’air ambiant est lourd et les températures s’échauffent rapidement. Un patient qui montrait des signes d’agitation depuis plusieurs jours s’est soudain mis à insulter les médecins puis a entamé une bagarre avec d’autres patients avant l’arrivée des agents de sécurité pour le contrôler.

Zone de quarantaine dans un camp militaire

« La plupart des patients que nous acceptons viennent des quartiers les plus populaires de Kinshasa.raconte Béatrice, l’un des dix médecins présents ce jour-là pour prodiguer des soins. Ils sont très méfiants et supportent difficilement la quarantaine, qu’ils considèrent comme une captivité. » Le Docteur Samy poursuit : « Il nous est même arrivé de devoir accueillir des détenus de la prison de Makala. Nous sommes des médecins, pas des gardiens de prison, nous ne sommes pas suffisamment formés ni nombreux pour gérer ce genre de situation. »

Contactées, les autorités sanitaires de Kinshasa ont expliqué avoir mis en place début novembre une zone de quarantaine au camp militaire de Kokolo à Kinshasa afin d’héberger les détenus malades pendant leur séjour. « De nouveaux centres de soins seront ouverts dans les prochaines semaines à Kinshasa pour désengorger d’autres déjà actifs. » Pas d’autres détails.

Une annonce largement critiquée par certains syndicalistes, alors qu’une grève dans les hôpitaux publics se poursuit depuis plusieurs semaines à Kinshasa pour réclamer de meilleures conditions de travail. Joseph, médecin en grève, s’emporte : « En RDC, être médecin est un métier ingrat. On nous demande de travailler comme des chiens et nous sommes réquisitionnés en période d’épidémie au nom du patriotisme, mais nous sommes payés 500 dollars par mois pour toute notre carrière, sans obtenir d’avancement. »

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