Le nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a réaffirmé jeudi le soutien occidental à l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle « gagne » sur la Russie, lors d’une visite à Kiev deux jours seulement après sa prise de fonction.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a notamment exigé que les alliés aident l’Ukraine à intercepter les missiles russes pour « sauver des vies » comme ils l’ont fait pour les missiles iraniens visant Israël.
Cette visite intervient dans un moment difficile pour l’Ukraine, dont les forces sont en déclin sur le front de l’Est, manquant d’hommes et d’armes.
Signe de ces difficultés, la Russie a confirmé jeudi la prise de la ville de Vougledar, pour laquelle une bataille acharnée durait depuis plus de deux ans dans l’est de l’Ukraine.
« C’est ma priorité et mon privilège de faire progresser ce soutien « occidental » pour garantir la victoire de l’Ukraine », a déclaré M. Rutte, s’exprimant aux côtés de M. Zelensky.
Il a pour sa part regretté que l’Occident « traîne » les livraisons de missiles à longue portée pour son pays, armes qui sont au cœur d’un débat concernant leur utilisation pour frapper la Russie.
Aidez l’Ukraine comme Israël
Si Kiev prétend pouvoir viser avec ces missiles des cibles situées au plus profond de la Russie pour réduire les capacités de Moscou à frapper son territoire, plusieurs de ses alliés, dont les Etats-Unis, refusent à ce stade de donner leur feu vert, craignant une escalade. du Kremlin.
« Nous avons besoin d’armes en quantité et en qualité suffisantes, y compris des armes à longue portée, avec lesquelles, à mon avis, nos partenaires traînent déjà », a regretté M. Zelensky.
Il a souligné que sa tâche était aussi de « convaincre » l’Occident d' »abattre les missiles et drones russes » qui visent l’Ukraine, tout en se disant conscient « qu’il s’agit d’une décision difficile ».
« Ce qui fonctionne dans le ciel du Moyen-Orient et contribue à la défense d’Israël peut tout aussi bien fonctionner dans le ciel de notre coin d’Europe, en Ukraine, pour sauver des vies », a-t-il ensuite soutenu dans un message vidéo, faisant référence à la interceptions depuis des navires américains de missiles iraniens visant Israël.
Bordant l’ouest de l’Ukraine, la Pologne, membre de l’OTAN, a récemment revendiqué le droit d’abattre des missiles russes au-dessus du territoire ukrainien. Les forces de l’Otan, notamment françaises et américaines, sont également positionnées en Roumanie, à quelques centaines de kilomètres du port d’Odessa régulièrement visé par les frappes russes.
Interrogée à Washington, la porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh, a objecté que « nous parlons de deux territoires et de champs de bataille très différents ». Interrogée plus spécifiquement sur la possibilité d’intercepter des missiles russes sur l’Ukraine depuis la Pologne ou la Roumanie, elle a estimé que « cela nous entraînerait dans une guerre d’une autre manière ».
« L’Ukraine a été capable jusqu’à présent de se défendre efficacement contre les frappes russes contre ses villes, sa population, ses infrastructures, et nous continuerons de veiller à ce qu’elle bénéficie du soutien dont elle a besoin pour cela », a-t-elle ajouté.
Adhésion à l’OTAN
Volodymyr Zelensky a également rappelé que l’objectif de Kiev était « l’adhésion à part entière de l’Ukraine à l’Alliance atlantique ».
« La place de l’Ukraine est au sein de l’OTAN », a assuré M. Rutte lors de sa prise de fonction, malgré les fortes réticences de certains des 32 pays membres, dont les Etats-Unis et l’Allemagne.
Le président russe Vladimir Poutine « doit comprendre » que l’Otan ne « cédera » pas dans son soutien à Kiev, a-t-il souligné lors de sa première conférence de presse à Bruxelles.
En entamant mardi sa première journée à la tête de l’Otan, le Néerlandais, qui est l’un des partisans de l’Ukraine les plus actifs en Europe depuis le début de l’invasion en février 2020, a soutenu l’Ukraine comme l’une des trois priorités de son mandat.
Premier ministre des Pays-Bas, il a notamment été le fer de lance des efforts visant à doter Kiev d’avions de combat F-16.
Mais la position américaine, l’un des principaux soutiens de Kiev auprès de l’UE et moteur de l’Otan, risque de changer radicalement si Donald Trump revient à la Maison Blanche après l’élection présidentielle de novembre.
Revers sur le front
Sur le terrain, trois civils dont un enfant ont été tués et quatre autres personnes blessées après l’explosion d’un camion-citerne visé par un drone russe dans le nord du pays, selon les autorités locales. Dans la nuit, 11 personnes ont été blessées lors de frappes à Kharkiv, la deuxième ville du pays.
Le voyage de Mark Rutte intervient alors que l’Ukraine manque de recrues et d’armes en raison d’une mobilisation molle et de livraisons occidentales plus dispersées.
L’armée ukrainienne perd du terrain à l’Est.
Dernier revers en date, elle a annoncé mercredi son retrait de Vougledar, dont la capture a été revendiquée jeudi par la Russie. Cette ville a une importance militaire et symbolique, et sa chute pose au-delà la question de la solidité des défenses ukrainiennes.
Interrogé jeudi sur cette perte, M. Zelensky a assuré qu’il était « normal » que ses soldats se retirent pour « qu’ils puissent sauver leur vie » face à la puissance de feu russe.
A l’est, les troupes russes se rapprochent également de Pokrovsk, ville clé pour la logistique militaire.
Côté russe, quatre civils ont été tués et 24 blessés jeudi dans des frappes ukrainiennes sur la région frontalière de Belgorod, régulièrement bombardée, selon les autorités locales.
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