Des pans de grillage couverts d’avertissements et de larges panneaux « sens interdit » barrent les accès aux quais, des deux côtés des voies. Depuis ce mercredi, la gare d’Issy-ville du RER C est inaccessible aux voyageurs. Les trains continuent pourtant d’y passer… Mais sans y marquer d’arrêt. Rien à voir avec un problème de circulation sur la ligne de RER. La fermeture de la gare a été décidée, dans l’urgence, pour raison de sécurité !
C’est en effet — pour l’instant- la seule solution trouvée par Gares & connexions (la branche de la SNCF chargée de la gestion des bâtiments) pour mettre un terme aux traversées sauvages des voies qui se sont récemment multipliées dans la petite gare. Elles ont commencé dès le début du mois, au lendemain de la fermeture, le 1er avril, du souterrain piéton qui passe sous les voies et qui va être en chantier jusqu’en octobre prochain pour aménager les correspondances avec la future ligne 15 sud du Grand Paris Express censée arriver à Issy en 2026.
La gare d’Issy ville est fermée jusqu’à nouvel avis. Cette mesure de sécurité fait suite aux nombreuses traversées de voie depuis la fermeture du passage souterrain. Elle réouvrira quand des mesures de sécurité complémentaires empêcheront la traversée des voies par des piétons https://t.co/j0KlcuSmLr
— RER C (@RERC_SNCF) April 10, 2025
Durant toute la durée de la fermeture du tunnel piéton (seul passage existant en gare pour se rendre d’un côté à l’autre des voies de la petite gare nichée à flanc de coteau), les usagers sont en principe supposés passer par la voie publique pour se rendre d’un quai à l’autre en empruntant un cheminement, en pente, de près de 300 mètres de long. Soit 4 à 5 minutes de marche ! Trop pour quelques usagers qui ont vite pris l’habitude de traverser les rails à pied pour s’épargner le détour.
Les effectifs de gilets rouges renforcés, «ça n’a pas suffi»
« Nous avions anticipé ce risque et nous avions renforcé les effectifs de gilets rouges et d’agents de la Suge (le service de sûreté de la SNCF) dans la gare d’Issy. Mais ça n’a pas suffi à empêcher les traversées sauvages », rappelle Gares & connexions qui s’est finalement résolu à fermer la gare. Et pour une durée indéfinie. « Nous travaillons activement à la recherche de mesures de sécurité complémentaires qui rendront impossibles les comportements dangereux et permettrons la réouverture de la gare », souligne l’opérateur, sans précision de date.
« Pardon, la gare est fermée jusqu’à quand ? », interroge un jeune homme qui se présente ce vendredi, à la mi-journée, devant les grilles barrant l’accès aux quais. « Jusqu’à nouvel ordre », lui répond l’agent SNCF dépêché sur place pour prévenir les usagers de la fermeture temporaire de la gare d’Issy-ville. La gare suivante la plus proche (Issy-Val-de-Seine) est à 1,5 km de là et aucun bus de ville n’est en vue pour s’y rendre. « J’avais un rendez-vous dans quelques minutes dans Paris. J’y serai pas ! », en déduit le jeune homme, dépité, qui n’avait pas prévu la fermeture de « sa » gare et qui s’agace d’apprendre qu’elle est liée au comportement dangereux de quelques-uns.
« L’inconscience de dizaines d’usagers conduit à pénaliser des milliers d’autres », a tweeté, l’association de défense des voyageurs Plus de trains, surprise par cette application du principe de précaution en forme de punition collective. Même si elle est très loin de figurer parmi les plus fréquentées de la ligne C, la petite gare d’Issy a accueilli 2,1 millions de voyageurs en 2023. Soit une moyenne quotidienne de près de 6 000 personnes privées de gare… Jusqu’à nouvel ordre.