Après « Megalopolis » de Francis Ford Coppola, voici le deuxième film épique de ce festival. L’autre projet dont la genèse et l’ambition pourraient elles-mêmes faire l’objet d’un long métrage. D’ailleurs, Kevin Costner, 69 ans, a confié, lors d’une rencontre avec les journalistes ce samedi au Carlton de Cannes, qu’il prépare un documentaire sur la réalisation de ce western de dix heures, construit en quatre épisodes. Le réalisateur de « Danse avec les loups » (1990) présentera ce dimanche sur…
Après « Megalopolis » de Francis Ford Coppola, voici le deuxième film épique de ce festival. L’autre projet dont la genèse et l’ambition pourraient elles-mêmes faire l’objet d’un long métrage. D’ailleurs, Kevin Costner, 69 ans, a confié, lors d’une rencontre avec les journalistes ce samedi au Carlton de Cannes, qu’il prépare un documentaire sur la réalisation de ce western de dix heures, construit en quatre épisodes. Le réalisateur de « Danse avec les loups » (1990) présentera, ce dimanche sur la Croisette, hors compétition, le premier volet, intitulé « Horizon : une saga américaine », d’une durée annoncée de trois heures (1). Un retour aux origines de l’Amérique, aux plaines des années 1860.
Les acteurs disent que « Horizon » est le projet de votre vie, confirmez-vous ?
Oui, c’était une odyssée. J’ai commencé à l’écrire en 1988, j’allais le tourner en 2003 mais au dernier moment, le studio m’a laissé partir, à ma grande déception. J’ai décidé non seulement de persévérer, mais d’aller plus loin, en imaginant quatre épisodes, ce qui est assez fou, et très américain finalement. On m’a répété à plusieurs reprises que je ne trouverais jamais le financement. Alors je l’ai compris par moi-même. J’ai collecté les fonds, j’y ai investi une partie de mon argent. J’ai produit, écrit, réalisé « Horizon », j’y joue, bref j’ai presque tout fait. Je n’ai donc aucune excuse : si le public n’aime pas ça, je ne peux que m’en vouloir.
Comment avez-vous souhaité renouveler notre regard sur la fondation des États-Unis ?
En l’abordant de manière très humaine, avec des personnages proches de nous, notamment des Amérindiens, et en mettant en avant les femmes aussi. Je voulais montrer à quel point la violence et la guerre sont au cœur de notre histoire. Nous sommes un pays jeune, l’un des plus récents. Les États-Unis sont nés il y a 200 ans. Alors que vous, Européens, aviez déjà mille ans d’histoire et tant de patrimoine, nous n’avions rien. Quand les gens arrivaient d’Europe, ils voulaient croire qu’ils allaient coloniser un territoire vierge. Cependant, les peuples amérindiens y vivaient depuis des siècles et ont été déplacés et détruits. Nous les avons annulés. 500 nations indiennes…
Pensez-vous que la violence fait partie intégrante de la culture américaine ?
Oui, le pays a été construit par les armes et la guerre, cette violence reste ancrée. Mais l’Amérique est aussi le pays qui a donné à tant de gens la possibilité de se réinventer.
« Horizon, une saga américaine » a été tourné dans des décors naturels dans l’Utah, est-ce un plaisir pour vous ?
Énorme ! D’ailleurs, j’adore la phase de repérage, où l’on arpente un territoire pour choisir les lieux de tournage. Mes collègues s’amusent moins, car j’ai toujours envie de tout voir. S’il y a une montagne, je veux la gravir, s’il y a une rivière, je veux trouver un bateau pour la traverser. Je les épuise !
Les États-Unis sont un pays jeune, né il y a 200 ans
Où en êtes-vous dans la production des quatre épisodes ?
Les deux premiers, qui sortent cet été, sont terminés. Je tourne actuellement les troisième et quatrième épisodes par intermittence, mais je cherche toujours de l’argent.
Comment abordez-vous la projection à Cannes ?
C’est une aide considérable, compte tenu du rayonnement du festival, pour la vie de ce projet.
Quelle position occupez-vous aujourd’hui à Hollywood ?
J’ai beaucoup d’amis là-bas, mais je suis toujours resté à l’écart. Je me considère comme un outsider, ce qui explique peut-être aussi pourquoi j’ai des difficultés à financer mes films.
Votre démarche, cette façon d’agir comme un producteur indépendant mais avec des budgets énormes, n’est pas sans rappeler celle d’une autre figure de cette 77ème édition, Francis Ford Coppola…
Francis et moi aimons aller au bout de nos projets, les partager avec le plus grand nombre. Ce faisant, nous protégeons non seulement nos films mais aussi notre intégrité, notre loyauté envers nous-mêmes. Je fais tout cela pour montrer à mes enfants qui je suis vraiment.
(1) Avec Kevin Costner, Sienna Miller et Sam Worthington, durée 3 heures 01 minutes, en salles en France le 3 juillet.