Depuis les fenêtres du joli cottage de Susan Goss, la vue est imprenable sur le ballet d’une cinquantaine de grues qui s’activent jour et nuit face à Bridgwater Bay, au sud-ouest de l’Angleterre. Derrière les étendues de campagne verdoyante et de pâturages à moutons, leurs bras d’acier blanc et jaune surplombent une structure extraordinaire : le plus grand chantier nucléaire d’Europe.
« De ma chambre, je ne vois plus la baie, mais les grues et les montagnes de terre creusées dans le sol. Ici, on les appelle les sept sommets des Alpes», explique, mi-agacée, mi-amusée, cette retraitée qui, dans les années 2000, avait ironiquement milité contre l’installation d’un «horrible parc éolien» juste devant chez elle. Elle ne regrette rien, car elle avoue s’être « habituée » à tous ces désagréments. En fait, elle a eu tout le temps de s’y habituer.