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A Hénin-Beaumont, revanche Le Pen et Bardella avec Attal

Dans le fief historique de Marine Le Pen, les deux figures du RN sont revenues la veille sur le débat avec le Premier ministre sans oublier de lancer un « appel à la mobilisation » de leurs électeurs à 16 jours des élections européennes.

Les cadres du Rassemblement national (RN) sont-ils trop pessimistes ? Aucun d’entre eux, en coulisses, n’aurait parié que Jordan Bardella, président du parti et tête de liste pour les élections européennes, avait gagné son duel face au Premier ministre Gabriel Attal, jeudi soir sur France 2. Ils avaient compris que leur champion, l’homme aux punchlines, rarement mis en difficulté, avait concédé, à tout le moins, « un nul » face à son alter ego.

« C’est difficile d’affronter le Premier ministre »expliquait un proche de Marine Le Pen, avant d’enchérir : « Il a beaucoup de conseillers, beaucoup de services qui lui envoient des notes, des fiches ». « Matignon, c’est une tour de contrôle, tu vois tout, tu sais tout »dit un autre pour mieux analyser ce qui s’était passé la veille. «C’est une base de travail», a assuré un troisième. «  Gabriel Attal est un très bon débatteur », a lancé un autre, qui a trouvé des qualités chez l’homme détesté des électeurs RN. Il fallait donc être lucide. « Cette fois, Jordan Bardella s’est retrouvé plus fort que lui »» a déclaré un de ses proches.

« Ce qui compte, c’est de débattre avec un Premier ministre »

Il y en avait quand même quelques heureux. « Ce qui compte, c’est que la Jordanie ait débattu avec un Premier ministre. Cela règle le problème. Les Français se souviendront de tout cela », a souligné un membre de la campagne du poulain de Marine Le Pen. Et d’autres qui ont regretté que le président du RN n’ait pas su répondre sur les thèmes favoris du parti nationaliste : la priorité nationale et l’immigration. « Sur la priorité nationale, et face au discours de Gabriel Attal, il aurait pu citer les chiffres de la balance commerciale française »a expliqué un cadre.

Jordan Bardella avait donc montré des lacunes. Mais tous les cadres du RN ont finalement minimisé ce débat, qu’ils réclamaient ardemment depuis des mois. Ce doit être aussi un moment personnel pour l’héritier du marinisme, en qui beaucoup placent de l’espoir. N’est-il pas le futur Premier ministre de Marine Le Pen, si elle accède au pouvoir en 2027 ? Et donc remplacer… Gabriel Attal ?

Une enquête reçue avec ferveur

Mais c’était tout avant. Avant qu’une enquête Odoxa ne vienne donner du baume au cœur aux lieutenants de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Dans cette enquête, relayée sur tous les réseaux sociaux par tous les comptes RN possibles, 63% des Français interrogés, qui ont suivi le débat du début à la fin, jugeaient Jordan Bardella meilleur que Gabriel Attal. Seuls 36% ont donné le point au Premier ministre qui est monté dans l’arène pour défendre sa tête de liste, Valérie Hayer. Du pain béni pour les cadres du RN, soulagés que les éléments de langage relayés le soir du débat soient « confirmés » par cette enquête.

Entre-temps, Marine Le Pen et Jordan Bardella avaient déjà rédigé leurs discours respectifs et réuni leurs électeurs (4 000 selon le RN) à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), pour un rendez-vous au cœur du fief électoral. de la « candidat naturel » du RN pour 2027. Ces discours allaient transformer le tirage au sort en une victoire éclatante du marinisme sur le macronisme. C’était surtout de l’autosatisfaction. Jordan Bardella et Marine Le Pen n’étaient que trop heureux de rééditer le match avec Gabriel Attal.

Unité et mobilisation

« Question très simple : qui peut prétendre que la France en 2024 est en meilleure santé qu’en 2017 ?, a lancé Marine Le Pen dans un discours de 20 minutes, devant son poulain. Sans surprise, elle a fustigé le bilan sécuritaire et économique d’Emmanuel Macron. Et pour attaquer le Premier ministre : « Ces résultats désastreux n’ont pas poussé Gabriel Attal à la modestie. L’autocritique ne fait pas partie de leur univers”. « Le pyromane Macron a dépêché le pompier Attal pour sauver le soldat Hayer », s’est-elle moquée. Avant de terminer par un vibrant : « Plus que jamais cher Jordan, nous sommes unis derrière toi ».

Sur scène, Jordan Bardella s’est lancé dans une explication de sa performance télévisée : « J’ai affronté hier soir, en essayant de défendre la vérité, le premier menteur de France, Gabriel Attal (…) J’ai compté : Gabriel Attal m’a coupé la parole toutes les 13 secondes. Sa seule obsession : le RN, le RN, le RN et à la fin de l’émission… le RN ». « Il y a ceux qui parlent du RN et ceux qui parlent de la France, ceux qui défendent les dogmes et ceux qui défendent les gens »dit-il sous les acclamations de « Jordan, nous t’aimons ».

L’héritier de Marine Le Pen peut en tout cas se contenter d’une chose : sa liste est mesurée à 33% d’intentions de vote dans notre sondage quotidien Ifop-Fiducial, contre 16% pour la liste Renaissance. Les deux figures du RN n’ont pas oublié de lancer une « appel à la mobilisation » de leurs électeurs 16 jours avant l’élection. C’était d’ailleurs tout l’enjeu du débat contre Gabriel Attal.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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