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À Grenoble, la violence débridée des narcotrafiquants

Après Marseille, Grenoble. L’été dernier, c’est la cité phocéenne qui a connu une impressionnante série de règlements de comptes. Cette année, c’est la grande ville de l’Isère qui occupe la première place en termes de fusillades sur fond de trafic de drogue. Certes, en termes d’homicides, les deux communes ne sont pas encore au même niveau. A Marseille, en août 2023, la guerre contre la drogue a causé la mort de dix personnes. A Grenoble, un seul décès a été enregistré depuis le début du mois. Mais dix personnes ont été blessées, dont trois grièvement, dans cinq attaques distinctes.

« Nous sommes confrontés à une guerre entre différentes équipes qui s’intensifie », note Eric Vaillant, le procureur de la République de Grenoble. « La situation s’aggrave sensiblement et face à cette violence organisée, nous, élus locaux, restons très démunis. C’est donc un véritable appel à l’aide que je lance à l’État », a-t-il ajouté. « Nous sommes dans une situation délicate », explique Amandine Demore, maire d’Échirolles, commune toute proche de Grenoble où, lundi 12 août, quatre hommes ont été blessés, dont trois très grièvement, par une rafale de coups de feu sur un lieu de trafic de drogue.

Quinze fusillades à Grenoble

Depuis le début de l’année, plus d’une quinzaine de fusillades ont été recensées à Grenoble et ses environs. En mai, un adolescent de 15 ans avait été abattu de plusieurs balles. Ce même mois, à des centaines de kilomètres de là, en Seine-Saint-Denis, un ancien voyou grenoblois, très actif dans les années 2010, avait été exécuté en pleine rue. Cet été, les événements se sont accélérés. Le 4 août, un homme de 47 ans avait été tué et deux autres blessés par un individu en trottinette électrique dans un quartier sensible de Grenoble. Deux jours plus tard, des tirs avaient fait un blessé à Échirolles.

Le 7 août, deux jeunes de la région parisienne ont été blessés par balles sur un parking de Grenoble. « Ils ont été arrêtés et inculpés car ils étaient soupçonnés d’être venus vendre des armes et des munitions à des trafiquants de drogue », a-t-il ajouté. « Ce lundi, on comptait quatre blessés à Échirolles. Enfin, jeudi, un homme de 20 ans a été blessé à la main et à la cuisse à Grenoble », précise Eric Vaillant.

« Aujourd’hui, c’est tout de suite des kalachnikovs ou des 9 mm. »

La ville est en proie au trafic de drogue depuis des années. « De toute ma carrière, je n’ai jamais vu une ville aussi pourrie et gangrenée par le trafic de drogue que Grenoble. C’est bien simple, il y a des points de revente un peu partout », avait déclaré en juillet 2017 à la Le Dauphiné libéré Jean-Yves Coquillat, alors procureur de la République de Grenoble. « Depuis plusieurs mois, nous constatons une augmentation des convoitises autour de certains points de vente de drogue dont la gestion a été fragilisée, notamment grâce à l’action de la justice et de la police », a-t-il ajouté. a déclaré aujourd’hui Eric Vaillant, son successeur, faisant notamment référence aux condamnations prononcées en octobre dernier contre des membres d’un réseau du quartier d’Alma.

Au total, 13 personnes (vendeurs, vigies, chefs d’équipe) ont été condamnées à des peines allant de douze mois à huit ans de réclusion criminelle. « Cela a créé un vide et a suscité la convoitise d’autres réseaux qui ont tenté de s’implanter à Alma, qui est une zone de trafic de drogue très rentable. On estime qu’elle rapporte plus de 35 000 euros par jour », indique le magistrat.

« Au fil du temps, le crime organisé a subi de profondes mutations », explique Brice Gajean, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP-Police. « Jusqu’aux années 2000, il y avait quatre grandes familles qui se partageaient le « gâteau » de la drogue à Grenoble. À l’époque, il y avait des règlements de compte, mais c’était plus réfléchi. Les têtes de réseau frappaient de manière plus ciblée. Mais au fil du temps, on a vu émerger des petites équipes de voyous très offensifs qui voulaient se faire une place très vite. C’est ce qu’on voit aujourd’hui. On n’hésite plus à prendre les armes pour aller tirer sur les petites mains du clan rival. Avant, quand on voulait chasser une équipe d’une zone de trafic de drogue, on envoyait des types avec des battes de base-ball et des matraques. Aujourd’hui, c’est tout de suite des kalachnikovs ou un 9 mm. »

Chez les habitants, la peur de la balle perdue

Comme à Marseille, les réseaux locaux n’hésitent pas non plus à recruter des travailleurs extérieurs via les réseaux sociaux, parfois de toute la France. « Pour faire le guet ou vendre la marchandise, ils embauchent des clandestins qui souvent ne parlent pas un mot de français et sont très vulnérables », Brice Gajean souligne que les trafiquants de drogue grenoblois savent aussi exporter leurs activités hors de l’Isère. « Certains sont des criminels endurcis qui ont étendu une partie de leurs activités vers le Sud, le Sud-Ouest ou vers Lyon. »

Face à l’augmentation des fusillades, la justice et la police ne sont plus « n’abandonne pas », assure Eric Vaillant. « Nous n’avons pas encore arrêté les tireurs, mais plusieurs personnes impliquées dans ces événements ont été arrêtées », a-t-il ajouté. indique le magistrat tandis qu’à Échirolles, le maire réclame des moyens supplémentaires. « Nous avons 20 policiers municipaux et une centaine de caméras. Mais cela ne suffit pas pour lutter contre ce crime organisé. Cela fait vingt-cinq ans que la ville réclame un commissariat à part entière. Aujourd’hui, nous n’avons qu’un commissariat ouvert uniquement en journée », a-t-il ajouté. déplore Amandine Demore, soulignant le traumatisme des habitants vivant dans des quartiers touchés par le trafic. « Tout le monde a peur qu’un jour, lui ou ses enfants soient touchés par une balle perdue. »

Cammile Bussière

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