A Gaza, Tsahal se retire de l’hôpital al-Shifa : ce que l’on sait de l’« opération achevée » d’Israël
L’armée israélienne a annoncé ce lundi avoir « terminé » ses opérations dans la zone de l’hôpital al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, dans laquelle elle est entrée il y a deux semaines. « Les troupes ont achevé une activité opérationnelle dans la zone de l’hôpital de Shifa et ont quitté la zone de l’hôpital » dans la nuit de dimanche à lundi, a indiqué l’armée dans un communiqué, ajoutant qu’elles « ont tué des terroristes lors d’affrontements ».
Le droit international stipule que même si un établissement médical est un site protégé en cas de conflit, il perd ce statut s’il est utilisé à des fins militaires. Mi-novembre, les forces israéliennes ont provoqué un tollé international en pénétrant pour la première fois dans l’hôpital, alors que des milliers de civils s’y réfugiaient. Les images de l’évacuation d’Al-Shifa trois jours après le début du raid ont fait le tour du monde. Plus de 2 300 patients, personnels et personnes déplacées ont dû être évacuées dans des conditions dramatiques.
Un retrait effectué pendant la nuit
« Les forces de Tsahal et du Shin Bet ont achevé l’opération ce matin dans la zone de l’hôpital Shifa. Les forces de Sheitat 13, l’équipe de combat de la 401e brigade et la patrouille Nahal sous le commandement de la 162e division ont quitté la zone de l’hôpital », a indiqué l’armée israélienne sur le réseau social X. Un journaliste de l’AFP et des témoins sur place ont vu des chars et des véhicules. se retirant, sous le couvert de tirs d’artillerie et de frappes aériennes.
Selon le site d’information israélien Walla, après la première opération de Tsahal dans l’hôpital à la mi-novembre, l’idée s’était répandue parmi les dirigeants du Hamas qu’Israël considérait qu’il avait définitivement nettoyé les lieux et que l’armée ne reviendrait pas. . Le mouvement islamiste aurait donc appelé à se rassembler dans l’établissement, sous couvert. D’où la rapidité avec laquelle le deuxième raid fut organisé, et la zone très rapidement encerclée par la Division 162.
La semaine dernière, le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, a affirmé que le Hamas « détruisait l’hôpital Shifa » en en faisant un centre de commandement et de repli pour ses hommes et ses armes. De violents combats ont fait rage. Selon Hagari, le Hamas a ensuite tiré sur les troupes israéliennes depuis l’intérieur des urgences et de la maternité, et a lancé des engins explosifs depuis la salle des brûlés.
De nombreux combattants du Hamas éliminés ou arrêtés
Le deuxième raid de l’armée, qui a débuté le 18 mars, a été mené « en évitant de nuire aux civils, aux patients et aux équipes médicales », a assuré l’armée israélienne. Plus de 6 000 civils ont été évacués de l’hôpital situé dans la ville de Gaza, au centre de l’enclave palestinienne.
Plus de 200 combattants du Hamas ont été tués et 500 autres arrêtés, « parmi lesquels de hauts commandants du Hamas et du Jihad islamique palestinien », parmi les 900 personnes arrêtées, selon la radio militaire israélienne.
Un hôpital désormais hors service, malgré la présence de quelques patients
Des témoins oculaires ont décrit ce lundi des scènes de destruction autour de l’établissement, qui semblait hors d’usage, et de nombreux corps abandonnés sur place. Plusieurs bâtiments auraient été incendiés, d’autres rasés par des bulldozers militaires. « La situation est indescriptible », a déclaré un habitant au journal Times of Israel.
« Des dizaines de corps de martyrs, certains en état de décomposition, ont été retrouvés dans l’enceinte et autour de l’hôpital », a indiqué le ministère de la Santé du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007. Un médecin a déclaré à l’AFP que plus de 20 corps avaient été retrouvés. été trouvé. Selon lui, certains corps ont été écrasés par des véhicules militaires lors de leur retrait.
Dimanche, le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué que 21 patients étaient morts depuis le début de l’opération israélienne là-bas, où des centaines de déplacés avaient de nouveau trouvé refuge. Selon lui, 107 patients sont toujours hospitalisés, dont quatre enfants et 28 patients dans un état critique, et depuis samedi, « il ne reste plus qu’une bouteille d’eau pour 15 personnes ».
Washington va contacter le gouvernement israélien
La Maison Blanche a jugé lundi que si elles étaient vérifiées, les informations sur les corps retrouvés à l’hôpital al-Shifa, dont l’armée israélienne vient de se retirer après deux semaines d’offensive, étaient « très préoccupantes ». selon son porte-parole Karine Jean Pierre. Washington « contactera le gouvernement israélien pour plus d’informations », a-t-elle ajouté, après que des médecins et des civils présents dans le complexe ont déclaré qu’au moins 20 corps avaient été retrouvés, dont certains semblaient avoir été renversés par des véhicules militaires.