A Gaza, le pillage de l’aide humanitaire sous le regard de l’armée israélienne
Le scénario se répète de plus en plus souvent. Après avoir franchi la frontière séparant Israël de Gaza, à 1 kilomètre en territoire palestinien, les convois d’aide humanitaire sont pillés, tout près des troupes israéliennes, qui restent les armes aux pieds. Une fois passés les contrôles du terminal israélien de Kerem Shalom, non loin de la frontière égyptienne, les camions sont attaqués par des bandes armées, de mieux en mieux organisées, selon les témoignages d’acteurs humanitaires qui travaillent dans l’enclave. Dans le même temps, la police palestinienne, qui pourrait assurer la sécurité des expéditions, mais qu’Israël associe au Hamas, est traquée sans relâche par l’armée.
« Ces gangs sont situés dans la partie orientale de Rafah, près de la frontière israélienne, dans des zones impossibles à approcher sans être tués par l’armée., rapporte un observateur palestinien basé dans le sud de l’enclave, qui souhaite rester anonyme. Les Israéliens ont pris pour cible à plusieurs reprises la police palestinienne, qui souhaitait protéger les convois humanitaires. Le Hamas a récemment créé une force appelée « Arrow » pour cibler les pilleurs à l’intérieur des villes, mais il ne peut rien faire dans les zones frontalières. Il est clair qu’Israël a un intérêt dans ces pillages, auxquels il pourrait mettre un terme immédiat. »
Le phénomène n’est pas nouveau. Dans les premiers mois de la guerre, débutée le 7 octobre 2023, en représailles au massacre perpétré par le Hamas, les pillages semblaient d’abord motivés par l’urgence. Les civils se sont emparés de l’aide lors de distributions chaotiques, dans un contexte de pénurie généralisée. Mais ces derniers mois, des bandes armées, souvent liées à des criminels notoires ou à des familles influentes du sud de Gaza, ont commencé à attaquer les convois humanitaires.
« Contrepoids d’opportunité »
Ces groupes reçoivent des informations précises sur le contenu des expéditions, ce qui leur permet de se concentrer sur les articles susceptibles d’être vendus à prix d’or sur le marché noir : de la nourriture aux cigarettes, en passant par des produits plus divers. Par exemple, des malfaiteurs ont volé un stock de couches pour enfants et adultes dans un envoi de Médecins sans frontières (MSF), tandis que le reste, moins intéressant à leurs yeux, a été épargné. « Tout cela se passe au vu et au su des forces israéliennes, qui ne font rien pour empêcher ces pillages »témoigne Amande Bazerolle, responsable des urgences à Gaza pour MSF. « Ces bandes armées sont liées à des familles qui semblent opposées au Hamas. On pense qu’ils sont tolérés par les Israéliens car ils constituent un contrepoids opportun au mouvement islamiste.estime une source humanitaire.
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