À Gaza, Israël a pris pour cible les travailleurs humanitaires, selon un rapport de Human Rights Watch – Libération
Human Rights Watch a documenté, dans un rapport publié mardi 14 mai, huit attaques menées par les forces israéliennes contre des travailleurs humanitaires dans la bande de Gaza. L’organisation non gouvernementale réclame une enquête indépendante.
Dans un rapport publié mardi 14 mai, Human Rights Watch (HRW) dénonce huit attaques menées par l’armée israélienne contre des travailleurs humanitaires depuis le 7 octobre. « bien que leurs organisations aient communiqué leur itinéraire ou leur localisation aux autorités israéliennes pour assurer leur protection », souligne l’ONG. L’enquête a permis d’établir qu’au moins quinze personnes sont mortes et seize autres ont été blessées, sans sommation des autorités israéliennes. « Aucune des organisations humanitaires avant les frappes ». Depuis le 7 octobre, plus de 254 personnels humanitaires, dont 188 membres de l’UNRWA, ont été tués dans la bande de Gaza selon l’ONU.
Le 1er avril, sept travailleurs humanitaires de l’organisation non gouvernementale américaine World Central Kitchen (WCK) ont été tués par un drone israélien lors d’un convoi humanitaire. Cibler cela « Cela n’aurait jamais dû arriver, selon le droit international », a déclaré Belkis Wille, directeur adjoint de la division Crises et conflits à Human Rights Watch. Pour l’ONG, la grève, « loin d’être une « erreur » isolée, il ne s’agissait que d’un des huit incidents de ce type identifiés ». Dans son enquête, l’ONG a documenté une attaque contre un convoi de Médecins sans frontières (MSF) le 18 novembre ; contre une maison d’hôtes de l’UNRWA le 9 décembre ; contre un immeuble abritant des employés de MSF le 8 janvier ; contre un site abritant des employés de l’International Rescue Committee et de Medical Aid for Palestine le 18 janvier ; contre un convoi de l’UNRWA, le 5 février ; contre un immeuble abritant des employés de MSF le 20 février et contre une maison abritant un employé de l’American Near East Refugee Aid Organization le 8 mars.
Aucune cible militaire dans la zone
Dans chaque cas, les ONG travaillant sur le terrain ont déclaré à HRW qu’à leur connaissance, il n’y avait aucune cible militaire dans la zone : « Si cela était confirmé, cela rendrait les attaques illégales, compte tenu de leur nature aveugle et/ou du manque de précautions suffisantes. » écrit l’organisation internationale. HRW rappelle que « les lois de la guerre interdisent les attaques visant les civils » et fustige « L’échec d’Israël à protéger les travailleurs et les opérations humanitaires, et plus généralement, sa tendance à ignorer son obligation de minimiser les dommages causés aux civils ».
Les bombardements ciblés sur des convois ou des bâtiments humanitaires ont des conséquences directes sur les distributions alimentaires et l’aide apportée dans l’enclave palestinienne. HRW dénonce une stratégie globale des autorités israéliennes, notamment le recours à « La famine comme méthode de guerre à Gaza » en empêchant les livraisons d’eau, de nourriture ou de carburant, alors que l’ONU alerte sur un risque de « famine imminente » dans l’enclave palestinienne, où 2,2 millions de personnes sont assiégées.
L’ONG appelle Israël à « Rendre publics les résultats des enquêtes sur les attaques qui ont tué ou blessé des travailleurs humanitaires, ainsi que sur toutes les autres attaques ayant causé des victimes civiles. » Mais faute d’éléments suffisants, l’ONG plaide pour que les autorités israéliennes collaborent avec la Cour pénale internationale et autorisent des experts indépendants « un accès total à ses processus, y compris à la coordination et aux communications qui ont lieu avant, pendant et après ces attaques. » L’ONG de défense des droits de l’Homme appelle à la pleine collaboration des belligérants, israéliens et palestiniens, afin d’enquêter de manière indépendante sur les graves crimes commis par toutes les parties au conflit depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas.