A eux seuls, 57 gros industriels ont été responsables de 80 % des émissions de CO2 depuis 2016 – Libération
Fin 2015, avec l’Accord de Paris, la communauté internationale s’est engagée à réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le changement climatique à +1,5°C. Huit ans plus tard, les quelques dizaines d’entreprises les plus responsables du réchauffement climatique continuent de rejeter des quantités phénoménales de CO2 dans l’atmosphère. Selon un nouveau rapport publié ce jeudi 4 avril par le groupe de réflexion Selon InfluenceMap de la base de données Carbon Majors, 80 % des émissions mondiales entre 2016 et 2022 sont imputables à seulement 57 entités produisant des énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon) et du ciment.
« Ce rapport montre que la majorité des émissions mondiales de CO2 produites depuis l’Accord de Paris peuvent être attribuées à un petit groupe de grands émetteurs qui ne parviennent pas à ralentir leur production. » détaille le communiqué. Pire encore, la plupart des entreprises analysées ont produit davantage de combustibles fossiles au cours des sept dernières années qu’au cours des sept années précédant l’adoption de l’accord. C’est particulièrement le cas en Asie.
Une dynamique plutôt inquiétante
En tête des 57 cancres responsables des émissions récentes : Saudi Aramco, Gazprom et Coal India, toutes des entreprises publiques, détenues respectivement par l’Arabie saoudite, la Russie et l’Inde. Ensemble, elles représentent plus de 10 % des émissions mondiales entre 2016 et 2022. Les entreprises détenues par des investisseurs privés figurent également dans le top 10, comme Exxon Mobil et Shell. Ces deux entreprises devront redoubler d’efforts si elles veulent atteindre leurs objectifs de neutralité carbone en 2050.
Ce classement révèle aussi une dynamique plutôt inquiétante : la plupart des entreprises les plus émettrices depuis l’Accord de Paris sont détenues par des États. Ceci est particulièrement marqué dans le secteur du charbon, où la part des émissions liées aux entreprises privées a diminué tandis que celle provenant des producteurs publics et étatiques a augmenté.
Séquence inhabituelle d’années
Une tendance qui va à l’encontre de ce que préconise l’Agence internationale de l’énergie depuis 2021 (à savoir abandonner tout nouveau projet d’extraction) et un « transition vers les énergies fossiles » d’ici 2050, un engagement pris par les gouvernements lors de la COP28 à Dubaï en décembre. Et ce, alors que la planète continue de vivre des années extraordinaires et se rapproche dangereusement du seuil de 1,5°C fixé dans l’accord de Paris.
« Les recherches de Carbon Majors nous montrent exactement qui est responsable de la chaleur mortelle, des conditions météorologiques extrêmes et de la pollution de l’air qui menacent des vies et font des ravages sur nos océans et nos forêts. commentaires dans le communiqué de presse Tzeporah Berman, directrice du programme international à l’ONG Stand. terre et président de l’Initiative du Traité de non-prolifération des combustibles fossiles. Ces entreprises ont réalisé des milliards de dollars de bénéfices tout en niant le problème et en retardant et en entravant la politique climatique. Ils dépensent des millions en campagnes publicitaires pour montrer qu’ils font partie d’une solution durable, tout en continuant à investir dans l’extraction des combustibles fossiles.