Luca de Meo est très fier de son bébé. En visite à l’usine de Douai (Hauts-de-France) ce mercredi, le patron de Renault a salué, devant des dizaines de journalistes venus de toute l’Europe, le choix de fonder Ampère il y a près d’un an. Entièrement dédiée aux voitures électriques, cette entité, dotée de « autonomie totale »constitue « une de (ses) meilleures décisions ». Rien de moins ! Ampère semble être la bonne réponse, selon lui, pour permettre à Renault de rattraper son retard sur le marché de la voiture électrique. Avec l’ambition de suivre le rythme des constructeurs chinois, qui ont pourtant plusieurs longueurs d’avance.
Dans son organisation, Ampère regroupe l’ensemble des activités électriques de Renault. Cela va des usines et chaînes d’assemblage entièrement spécialisées dans cette technologie, à la fabrication de batteries, en passant par la conception de logiciels embarqués. Cette stratégie n’est pas évidente. Il apparaît par exemple très différent de celui de Stellantis. Le grand rival de Renault, de son côté, a opté pour des plateformes capables d’assembler tous types de véhicules, qu’ils soient à motorisation thermique ou électrique.
Réduisez les coûts de 40 %
Quoi qu’il en soit, Luca de Meo reste convaincu qu’Ampère est la meilleure solution pour réduire rapidement les coûts et gagner en compétitivité. Un impératif pour démocratiser enfin la voiture électrique.
« Nous sommes sur la bonne voieassure le gérant. Je crois que d’ici 2026, Ampère sera à mi-chemin de son ambition de réduire ses coûts de 40 %. »
Pour y parvenir, ses ingénieurs travaillent à l’optimisation des batteries, qui représentent 30 à 50 % du coût d’une voiture électrique. Ampère intégrera notamment la chimie dite LFP (Lithium, Fer, Phosphate) dans ses voitures à partir de 2026.
La spécialisation d’Ampère dans l’électricité lui permet, selon Luca de Meo, de concevoir des voitures beaucoup plus rapidement. Et donc économiser de l’argent. La nouvelle Twingo, qui devrait arriver sur le marché en 2026 au prix de moins de 20 000 euros, sera notamment développée « dans moins de deux ans »promet le patron de Renault. « Quand vous faites ça, vous égalez les joueurs chinois en termes de vitesse »il se félicite. Disposer d’une plateforme dédiée à l’électricité permet également de fabriquer les voitures plus rapidement dans les usines. A Douai, où sortent aujourd’hui quelque 530 Méganes et autres Scénic, Renault espère, finalementassemblez votre nouvelle R5 « en moins de dix heures ».
« Apprendre de l’écosystème chinois »
Pour gagner en efficacité, Ampère a les yeux tournés vers l’Empire du Milieu. La filiale ne s’en cache pas : elle cherche à « apprendre de l’écosystème chinois »la référence en matière de voitures électriques. La filiale bénéficie du travail d’une équipe Renault d’environ 150 personnes, basée à Shanghai. Baptisé Advanced China Development Center (ACDC), sa mission est de « ramener les meilleures technologies en Europe »Et « pour imiter les constructeurs chinois là où ils font mieux que nous »précise Luca de Meo.
Preuve du « compétitivité » d’Ampère, fait valoir le patron, sa filiale a noué des partenariats avec deux autres marques. Nissan s’appuiera sur son savoir-faire pour produire sa compacte Micra et une petite citadine du segment A pour l’Europe. Mitsubishi, de son côté, fabriquera un SUV à Douai à partir de 2025. Le message de Luca de Meo est clair : si la grande réticence des investisseurs l’a empêché d’introduire Ampère en Bourse en début d’année, cela ne le fera pas, selon lui, entravent son développement. « Renault gagne assez d’argent pour soutenir ce projet »il a balayé.