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« À chaque critique, on prend une gifle » – Libération

Le Premier ministre a participé mardi à la réunion des députés de l’Ensemble pour la République, principal groupe de sa base parlementaire. Mais les échanges ont vite tourné au vinaigre.

Ils étaient censés repartir à zéro. Après quatre semaines sans se voir, ponctuées d’incompréhensions, voire de tensions sur la formation du gouvernement ou les hausses d’impôts envisagées dans le prochain budget, Michel Barnier a été invité pour la première fois, mardi matin, à la réunion du groupe Ensemble pour la République (EPR, ancien groupe Renaissance). Un petit moment avec le premier groupe de ses fragiles « socle commun »avant d’affronter ses adversaires dans l’hémicycle, notamment la gauche, qui brandissaient, cet après-midi, la menace de la censure – vouée à l’échec sans le renforcement des votes RN. Nous avons eu un échauffement plus chaleureux. Un député EPR, bien que issu de LR, la famille politique du Premier ministre, se dessine « mixte ». Un autre crie grâce : « terrible »…

« Il nous ridiculise dans son interview »

Proposé par Michel Barnier, qui a dit « disponible »Souhaitée par le président du groupe Gabriel Attal, qui a préféré un échange formel à la proposition d’un verre avec les parlementaires à Matignon, l’entretien avait pourtant bien commencé. « C’est important pour moi d’être là » commence, tout chéri, le Premier ministre, qui souhaite « proximité, fluidité » avec le groupe EPR. « Nous devons apprendre à nous connaître. » continue-t-il en se vantant de sa relation « fluide et assez simple » avec Emmanuel Macron et disant « très fier » compter « une dizaine de députés » EPR dans son gouvernement. D’emblée, il a tenté d’arranger les choses avec Nicolas Metzdorf : le Calédonien était furieux d’apprendre, lors de la déclaration de politique générale, l’abandon du projet de dégel du corps électoral, une réforme constitutionnelle dont il était rapporteur et qui avait fixé les l’archipel en feu, et s’est indigné que le Premier ministre n’ait pas répondu à sa question le lendemain dans l’hémicycle.

Les macronistes n’ont guère apprécié la réponse ironique de Michel Barnier à leur président de groupe. « très attentif (aux) propositions d’économies supplémentaires (que Gabriel Attal lui soumettrait, ndlr)… Pour faire face à un déficit que j’ai constaté à mon arrivée ! Puis, ils constatèrent, satisfaits, un changement de ton, plus flatteur et bienveillant, dans le dimanche de la Tribune, en concluant que le Premier ministre allait enfin se remettre en forme. « Il fait des blagues sur nous dans son interview et puis… il n’a pas pu s’en empêcher », soupire un député douché.

C’est dans les questions-réponses avec les députés macronistes, réunis dans la salle Colbert, que ça a déraillé. Forts de leur credo de ne pas augmenter les impôts, ils se retournent depuis trois semaines contre les pistes fiscales explorées par le gouvernement dans le projet de loi de finances pour 2025. L’augmentation de la taxe sur la consommation finale de l’électricité ou le report au 1er juillet du L’indexation des pensions de retraite sur l’inflation ne les enthousiasme plus. Ils le font savoir. Si Barnier envisage d’abandonner les mesures, au profit d’accords avec d’autres groupes, à sa connaissance, il en appelle à Gérald Darmanin.

« Il a mis des douilles à balles sur tout le monde »

En clair, le Premier ministre compte-t-il laisser tomber la mesure sur les retraites, pour satisfaire LR ou le RN ? Barnier se raidit. Eléonore Caroit lui fait savoir qu’elle et ses collègues sont heureux de le voir et attendent ce moment. Réponse sèche du Premier ministre, piqué, qui rappelle sa participation à un apéritif le soir de leur journée parlementaire du 10 septembre. Un ange passe. Au député des Yvelines Karl Olive, qui lui exprime néanmoins son soutien et lui suggère « se méfier de la technostructure », Barnier rétorque qu’il ne l’est pas «pas du tout l’otage de la technostructure». Et Darmanin, ex-LR, prend le relais, glissant : « Moi aussi, j’ai été au moins autant minoritaire que vous dans le passé. »

Les macronistes sont susceptibles, nerveux sur leur bilan. Barnier est susceptible. « En réponse, il a mis des douilles sur tout le monde. » dit un participant irrité. « Chaque fois qu’on fait une critique, on reçoit une petite gifle. Pas vraiment nécessaire, » en ajoute un autre. « Pas de violence, il a répondu par des piques à quelques piques, sans en rajouter », en minimise un tiers.

Pas sûr que l’échange acide aide les macronistes à se montrer plus coopératifs sur le budget qui doit être présenté jeudi. « Michel Barnier a réitéré notre responsabilité dans la réduction du déficit et il a raison, mais il existe plusieurs voies. Nous pensons que lorsqu’il s’agit d’augmentations d’impôts, la facture est un peu salée. Non au gourdin des impôts, non à l’avion. réaffirme Mathieu Lefèvre. Le groupe EPR travaille sur ses propositions de réduction des dépenses publiques : durcissement des indemnités journalières d’arrêt maladie, économies sur les transports sanitaires, reprise de la réforme de l’assurance chômage préparée par Gabriel Attal lorsqu’il était à Matignon, etc. Les macronistes doivent présenter leur copie mercredi, après une nouvelle réunion d’arbitrage mardi soir. Entre eux cette fois.

Cammile Bussière

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