A Carcassonne, une trentaine de salariés partis sans salaire après la liquidation judiciaire de leur entreprise
Le 9 septembre, le tribunal de commerce de Marseille a placé la société de distribution publicitaire Milee en liquidation judiciaire. Au total, quelque 10 000 salariés ont été laissés pour compte. Parmi eux 35 à Carcassonne, qui, au 30 septembre, n’ont toujours pas perçu leur salaire d’août, y compris leurs congés payés et autres primes.
A 70 ans, Jean-Pierre travaille à l’agence de diffusion publicitaire Milee à Carcassonne, parallèlement à sa retraite qui ne suffit pas à répondre à ses besoins. Mais depuis plusieurs semaines, son quotidien est bouleversé. Le 9 septembre, la société anciennement dénommée Adrexo a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Marseille. Notamment une accumulation de dettes sur plusieurs années. Au total, plus de 10 000 salariés sont restés sur place, dont 35 travaillant au sein de l’agence basée à Carcassonne.
Du coup, ils se sont tous retrouvés au chômage. Pire, ils n’ont pas perçu leur salaire du mois d’août, ni même leurs congés payés, primes de licenciement ou encore primes d’ancienneté. « Personnellement, j’ai été mis en arrêt maladie le 21 juillet. se souvient Jean-Pierre. Avant que la décision ne soit rendue, j’ai reçu ma dernière fiche de paie du mois d’août. Mais rien n’est arrivé à mon compte par la suite. Cela dure depuis plus d’un mois et nous n’avons pas eu de nouvelles. Au total, ils me doivent 1 600 €. »
La tension monte d’autant plus qu’ils avaient garanti de nous payer notre cotisation
Les salariés ne sont pas les seuls à se retrouver dans le brouillard. Le directeur de l’agence de Carcassonne, Djamel Bourasse, n’a pas non plus reçu son dû en août. Il dispose de quelques informations complémentaires qui lui sont parvenues : » D’après ce que j’ai compris, l’entreprise traite au cas par cas. Cela prend beaucoup de temps. En raison des difficultés financières auxquelles elle est confrontée, le déblocage des fonds s’avère difficile. Le fonds de garantie est bloqué et nous ne comprenons pas les raison Peu de temps après sa mise en liquidation, la société a assuré un semblant de communication. Mais pendant plusieurs semaines, plus rien.
La situation d’incertitude dure et ne s’améliore pas « pas de réponse au téléphone non plus »souligne le chef d’agence dans la ville préfectorale. Actuellement, les salariés ayant des questions sont invités à les adresser via une demande de réclamation par courrier électronique. « Nous n’avons plus de retours à ce sujet. Ils font la sourde oreille. La tension monte d’autant plus qu’ils avaient garanti de nous payer notre dû”déplore Djamel Bourasse.
Un syndicat répond
Pour obtenir des réponses plus concrètes, il faut remonter plus loin. À l’échelle nationale, la Confédération autonome du travail (CAT) Milee représente le premier syndicat de distributeur de tracts. Face à un contexte de plus en plus chaotique, il en révèle davantage, même si des inconnues persistent : « Nous sommes confrontés à deux scénarios. Le premier, les salariés mis à pied qui recevaient leur salaire jusqu’au 9 septembre étaient payés le 23 août. En revanche, pour ceux qui ont été licenciés bien avant, la situation est plus compliquée. Ils ont dû recevoir une indemnité tenant lieu de préavis. C’est là que ça coince. »
A Carcassonne, l’ensemble des salariés de l’entreprise font partie du deuxième scénario. L’agence a fermé ses portes le 31 juillet. Pour le moment, le syndicat n’est pas en mesure de contacter le liquidateur judiciaire pour obtenir plus d’informations sur le sujet. Il confirme cependant le témoignage de Jean-Pierre en attestant que les fiches de paie sont arrivées à destination, sans les sommes dues sur le compte bancaire. « Nous devons y voir plus clair dans les prochains jours »indique le CAT.