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A Cannes, Judith Godrèche avec « Me Too » tient la promesse qu’elle a faite à ceux qui lui ont écrit

Judith Godrèche, ici sur le tournage de son court métrage
Cyril Bruneau Judith Godrèche, ici sur le tournage de son court métrage « Me Too », en mars 2024, à Paris.

Cyril Bruneau

Judith Godrèche, ici sur le tournage de son court métrage « Me Too », en mars 2024, à Paris.

CINÉMA – Judith Godrèche met le sujet des violences sexuelles à l’agenda du Festival de Cannes. Ce mercredi 15 mai, l’actrice française, devenue l’une des figures de proue du mouvement #MeToo en France, prend la parole pour présenter son deuxième film en tant que réalisatrice, un court métrage intitulé Moi aussi.

Présenté à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la section Un Certain Regard, le film de dix minutes – que nous avons vu – met en scène la fille du réalisateur, Tess Barthélémy, en plein rassemblement dans les rues de Paris. La jeune femme vêtue d’une longue robe blanche déambule d’abord autour des manifestants, majoritairement des femmes.

À tour de rôle, ils mettent leurs deux mains devant leur bouche, comme pour garder le silence. Tess Barthélémy entame une chorégraphie, dont les pas de danse font écho à la liberté de parole des victimes de violences sexuelles, tandis que des témoignages d’agression, de viol ou d’inceste sont lus par une voix off.

5000 témoignages

S’ensuit une grande et joyeuse scène de danse collective.  » Après être sortie de mon silence, le 7 février 2024, j’ai créé une adresse email pour pouvoir accueillir les mots de tous ceux qui m’ont écrit ‘Moi aussi’. En 15 jours, j’ai reçu 5 000 témoignages », » dit Judith Godrèche à la fin du court métrage.

Avant d’ajouter : « J’ai fait à tous ces gens la promesse d’un projet qui leur rendrait hommage. Le 23 mars 2024, ils étaient 1 000 à venir occuper avec moi cette avenue de Paris. « Ils venaient de toute la France » et même d’Australie », précise le réalisateur dans les notes de production.

Tess Barthélémy, ici dans « Moi aussi » de Judith Godrèche.
Cyril Bruneau Tess Barthélémy, ici dans « Moi aussi » de Judith Godrèche.

Cyril Bruneau

Tess Barthélémy, ici dans « Moi aussi » de Judith Godrèche.

Judith Godrèche a porté plainte en début d’année contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour viols et violences sexuelles ou physiques qui remontent à son adolescence. Une enquête préliminaire a été ouverte à Paris contre les deux réalisateurs, qui s’en défendent.

Ses positions ont donné naissance à un nouveau mouvement pour la liberté d’expression dans le monde du septième art, sept ans après la naissance de #MeToo à Hollywood. Et ce mois-ci, l’Assemblée nationale a approuvé la création d’une commission d’enquête sur « abus et violence » dans le cinéma, l’audiovisuel, le spectacle vivant, la mode et la publicité, donnant corps à une demande de l’actrice.

Moi aussibientôt en accès libre

Avec son court-métrage, elle entend donner une autre ampleur aux témoignages qu’elle a reçus.  » Avec leur permission, ils seraient utilisés par bribes de phrases, mais jamais attribués par leur nom.poursuit l’actrice. Si les femmes voulaient être présentes et ne pas être filmées, elles pouvaient quand même venir. »

La scène finale l’illustre bien. Dans ce plan séquence où l’on voit la foule avancer en silence, une partie des manifestants est floue. D’autres sont clairs.  » De nombreuses personnes qui ont choisi d’apparaître dans le film ont vécu de nombreuses émotions contradictoires tout au long de leur parcours.poursuit Judith Godrèche. Des moments de panique où ils se demandaient s’ils pourraient se présenter en plein jour dans un espace où toutes les personnes présentes avaient été victimes de viols ou d’agressions. »

La marée humaine qu’ils constituent est impressionnante.  » Dans ce dernier plan, j’ai voulu que les victimes filmées s’emparent du film, que la caméra les regarde, ayant presque un peu peur face à cette foule compacte qui avance, la déborde. », murmure la star du cinéma français. Ce mercredi, la vague inonde la Croisette, avant d’arriver en accès gratuit sur France.tv le 25 mai.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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