Déstockage massif, écrit en petites lettres, en grandes lettres, partout. Mais il ne reste plus grand-chose dans les rayons. L’hypermarché Géant Casino du quartier Europe à Brest, qui n’a toujours pas trouvé de repreneur, fermera ses portes le 30 septembre 2024, à 20 h 30. D’ici là, tout doit donc disparaître. Les sacs de courses ne sont plus réapprovisionnés. Ici, des paquets de semoule ont été éventrés, comme s’ils avaient été l’objet de trop de désir. Le beurre a été saccagé, il reste du sucré. Les rayons alcools n’ont pas été entièrement pillés, mais ceux chocolats et confiseries ont été définitivement scellés d’un ruban rouge et blanc.
De la ruée vers l’or aux étagères vides…
« C’est bizarre », raconte Léna, employée dans une autre grande enseigne. Venue du Finistère Sud pour un rendez-vous à Brest, elle s’est arrêtée à l’hypermarché. Dans son chariot, il n’y avait pas encore grand-chose, juste un support mural pour une télévision et quelques bricoles. Francine et sa fille sont venues la semaine dernière, au moment de la ruée vers l’or. « On est rentrées dans le magasin à 18 heures, il y avait tellement de monde, avec des chariots qui débordaient, qu’on est parties à 21 h 30, juste le temps de faire passer tout le monde ! », racontent-elles.
Un petit bout de papier en main, sur lequel une liste a été griffonnée, Ainessa, une aide à domicile, accompagne Marie-Pierre pour faire ses courses. Le duo ne cherche pas la bonne affaire, juste les courses de la semaine. « On a tout trouvé… sauf les pruneaux dénoyautés ! » regrette l’employée de l’agence O2, spécialisée dans l’aide aux personnes. Déçue, Marie-Pierre ne pourra pas aller loin cette semaine. Surtout, elle se demande où elle pourra faire ses courses facilement. Elle habite dans un lotissement à proximité, à cinq minutes en voiture.
« C’est un désastre »
Même question pour Michel et Jacques, deux habitués qui viennent de se croiser dans l’allée centrale du magasin. « Je viens ici depuis les années 90 », confie Jacques, sa moustache blanche tombante. Les deux hommes sont voisins, ils habitent les tours en face du magasin, où il n’y a « que des retraités et des mères célibataires », selon eux. « C’était pratique de pouvoir faire ses courses sans avoir à prendre la voiture », regrette Michel. « C’est une catastrophe », ajoute Jacques, « on vient ici depuis tellement longtemps, on connaît les salariés ! Mais entre nous, c’était cher ! » Une étude de 2022 de l’UFC Que choisir classait Casino comme l’enseigne la plus chère, et de loin. Un comble pour le quartier Europe, qui compte l’un des foyers les plus pauvres de la ville, selon l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques).
« Nous avons reçu pour instruction de ne pas parler aux journalistes »
Entre employés, la parole est rare. Première tentative avec trois employés. Les regards fuient et ils se dispersent comme une volée d’étourneaux. « Nous avons pour consigne de ne pas parler aux journalistes », rétorque un autre employé. Parfois, ce ne sont pas que des ordres. Un employé de plus de trente ans d’expérience dans le magasin tempêtait : « Que voulez-vous qu’on vous dise ? Comment vous sentiriez-vous si vous perdiez votre emploi ? On ne sait rien et je ne suis pas sûr que les syndicats en sachent plus que nous. Tout est flou. »
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