« Raphaël, Valérie, François, Karim, rejoignez-moi pour montrer que nous sommes une équipe ! » déclare Carole Delga à la fin de son discours. Le soleil commence à se coucher sur le grand parc boisé de Bram, la petite ville de l’Aude entre Toulouse et Carcassonne où le président socialiste de la région Occitanie a réuni ce samedi un peu plus de 2.000 personnes. Raphaël Glucksmann, François Hollande, Karim Bouamrane, Valérie Rabault, et tous les invités de l’édition 2024 de ces « rencontres de la gauche » qu’elle organise chaque année reviennent sur scène au son de la Marseillaise. Sauf Bernard Cazeneuve, déjà parti. Vêtu d’un gilet de chasse rouge, l’ancien Premier ministre de François Hollande, attendu dimanche avec François Bayrou à l’université de rentrée du Modem, a effectué cette année une visite remarquée à Bram, même s’il n’était pas seul présent. par visioconférence en 2023.
Pour Carole Delga, ces rencontres sonnent « le réveil de la gauche du courage, de la gauche du gouvernement ». Elle déclare se méfier « des effets de manche sur scène qui n’ont jamais transformé la vie des gens ». Avant elle, Raphaël Glucksmann invitait déjà à abandonner « Léninisme d’estrade » précisant que ce n’était pas l’apanage de La France insoumise. « Citer trois fois Rosa Luxembourg en jouant plus à gauche que moi, tu meurs, ça peut marcher dans une AG mais pas dans la population »prévient le leader de Place publique. L’entretien commun entre l’eurodéputé et le président de région sur scène a été la pièce de résistance du jour, juste après l’incontournable cassoulet servi à plus de 2 300 convives sous des barnums. L’échange a même éclipsé l’intervention de François Hollande, venu faire la promotion de son dernier livre. L’ancien président de la République discutait de politique internationale et de l’importance des élections américaines pour l’avenir de l’Europe devant un public légèrement somnolent en pleine digestion lorsque l’ancienne tête de liste aux élections européennes a fait son apparition, déclenchant un petit mouvement. des foules. « Carole Delga planifie tout, même les entrées et sorties »a alors plaisanté François Hollande, interrompant son discours pour accueillir l’invité vedette.
Sur scène, Carole Delga applaudit les 13% obtenus par la tête de liste choisie par le PS pour les élections européennes. « Les électeurs ont repris espoir, nous sommes une majorité de gauche ». Modestement, Raphaël Glucksmann rétorque qu’il ne s’agit pas seulement de « rééquilibrer la gauche »mais il faut aussi « Élargissez votre base ». Le leader de Place Publique ne craint pas d’offenser son auditoire en rapportant s’être croisé lors de sa campagne «des électeurs qui ne peuvent plus ébranler la gauche». Comment reconquérir cet électorat populaire tourné vers le Rassemblement national ? La question lancinante a traversé tous les débats à Bram.
Pour Raphaël Glucksmann, « nous devons répondre aux questions que l’Europe n’a pas abordées jusqu’à présent ». Le logement et l’énergie sont à ses yeux les deux domaines prioritaires, car ils impactent le pouvoir d’achat. Carole Delga réclame de son côté une réforme de la PAC pour que les aides ne soient plus utiles « le gigantisme agricole »mais des petits agriculteurs comme Jérôme Bayle. L’éleveur qui a pris la tête de la contestation agricole l’hiver dernier en Haute-Garonne a partagé la scène d’un des ateliers de la matinée aux côtés de Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen. Raphaël Glucksmann approuve et dénonce « l’immense astuce pour capter la colère agricole » par la droite et l’extrême droite européenne « qui défendent les industriels, pas les agriculteurs ».
Le président de la région Occitanie veut s’adresser en priorité à la France rurale qui se sent « méprisée par les élites car elle aime les barbecues et la chasse »mais sans oublier la France des banlieues et les professeurs qui manquent encore plus cruellement dans les lycées du 93. Alors, Carole Delga improvise une grande envolée historique aux accents espagnols sur la République. « qu’on a vu tomber de l’autre côté des Pyrénées ». Avant de conclure, avec une pointe d’optimisme : « La France ne croit plus à l’homme providentiel et les Français ont dit non à une héritière. » Pour Raphaël Glucksmann, s’il y a eu un vainqueur aux dernières élections législatives, c’est bien « le Front Républicain du second tour qui a montré que la République produisait encore des anticorps ». Mais attention, prévient l’eurodéputé, « C’était un pistolet à un coup. »