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à Boulogne-sur-Mer, « les gens veulent bousiller Macron »

à Boulogne-sur-Mer, « les gens veulent bousiller Macron »

« Macron est mort ! Je ne sais pas où nous allons mais nous y allons. » Les mains jointes devant le visage, Jean-Marie Baheu a soudain une voix ferme. Pour ce petit armateur fatigué, la victoire de Jordan Bardella aux élections européennes et la vague annoncée du Rassemblement national (RN) aux législatives sont une suite logique. La confortable maison en pierre en bordure d’un village de la Côte d’Opale (Pas-de-Calais), la décoration intérieure lambrissée de bois clair, le labrador chocolat posé tranquillement dans l’entrée semblent livrer une histoire de quiétude et de bonté. -être trompeur. «Il fallait s’y attendre, c’est la faute de Macron. Comme tous ces hommes politiques qui nous ont tant promis et qui n’ont rien fait. »» dit le capitaine de pêche dont le bateau est contraint de rester à quai après un incendie criminel.

Jean-Marie Baheu s'exprime sur sa situation depuis l'incendie de son bateau, à son domicile de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), le 18 juin 2024.

Lorsqu’on l’interroge, la liste des griefs est longue : d’abord, l’impression d’avoir été seul face à son drame professionnel, l’assurance n’ayant remboursé que le préjudice matériel. « Je n’ai eu aucune aide, pas même un coup de main », murmure le poissonnier. Et puis il y a « tout ce qui se passe dans la Manche » : l’injustice des quotas de pêche toujours plus restreints, des aires marines protégées « imposé sans concertation par les écologistes », les éoliennes qui poussent sur la Côte d’Opale, la pêche au filet accusée de détruire les fonds marins. Comme beaucoup de ses confrères de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Jean-Marie Baheu a l’impression de voir une profession mise en examen. Alors, quand on parle des scores promis au RN, on sent comme un élan joyeux monter chez le quinquagénaire.

Donner un coup de pied pour que les choses bougent enfin, mettre fin à cette alternance de gouvernements perçus comme sourds aux besoins des classes populaires, donner la leçon à ceux d’en haut, arrogants, qui, selon nous, n’ont jamais quitté leur ministère. La déception, voire le dégoût, est aussitôt racontée pour expliquer le ras-le-bol exprimé lors des urnes. «Je n’attends rien de plus. Depuis trente ans, c’est un mouvement à droite, un mouvement à gauche, si on en arrive là, c’est de leur faute. Qu’ont-ils fait pour des gens comme nous ? »» demande Daniel Delattre, retraité, attablé au café Le Bras d’Or, sur la place de la mairie, à Outreau (Pas-de-Calais), à quelques kilomètres de là.

Le thème du « débordement »

Vêtu d’un t-shirt noir et blanc « Che Guevara », l’ancien camionneur, membre du syndicat CGT, s’anime, racontant fièrement avoir participé à 123 manifestations de « gilets jaunes » : « J’ai adoré, c’était mieux qu’un mariage ! » « , il a dit. Adossé au mur recouvert d’une dizaine de portraits de Johnny Hallyday, le grand gaillard continue : « Je suis un révolutionnaire et je veux que ça change ! Je veux que nous rétablissions l’ordre dans le pays et arrêtions d’aider les étrangers. »

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