A Bordeaux, « NOUS anti-gaspi » redonne vie à des produits exclus des rayons de la grande distribution
En ce lundi de juillet, 15 heures, les allées et venues au magasin sont constantes. Trentenaires et quadragénaires du quartier, touristes de passage, habitués seuls, jeune papa encombré d’une poussette, font leurs courses dans cette épicerie pas comme les autres, au cœur du centre historique de Bordeaux. Ici, les concombres, abricots, pommes ou bananes affichent un petit défaut de taille ou de peau. Les yaourts au chocolat ou aux fruits ont…
En ce lundi de juillet, 15 heures, les allées et venues sont constantes dans le magasin. Trentenaires et quadragénaires du quartier, touristes de passage, habitués solitaires, jeune papa encombré d’une poussette, font leurs courses dans cette épicerie pas comme les autres, au cœur du centre historique de Bordeaux. Ici, les concombres, abricots, pommes ou bananes affichent un petit défaut de taille ou de peau. Les yaourts au chocolat ou aux fruits ont une DLC (date limite de consommation) de huit ou dix jours, voire parfois un peu moins. Le pot de truite fumée promet un poids mais pas un nombre de parts. Le brownie ou le cake sec est peut-être un peu trop cuit ou craquelé quand son goût reste intact. Nous sommes chez « NOUS anti-gaspi », une enseigne née en Bretagne en 2018, et dont la première (et pour l’instant unique) épicerie de Nouvelle-Aquitaine a ouvert à Bordeaux le 24 août 2022, rue Sainte-Colombe.
L’enseigne, tout de jaune vêtue, s’est donnée pour mission et modèle économique de faire la chasse au gaspillage alimentaire. Et ce, en partant du principe que « 53 % du gaspillage alimentaire commence dans la phase de production et de transformation ». Autrement dit, elle va chercher à limiter le gaspillage avant même que le produit ne soit en rayon – ce qui ne l’empêche pas de le faire ensuite. « Nous achetons auprès des agriculteurs, des transformateurs de l’industrie agroalimentaire et des distributeurs, des produits qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas être vendus dans les rayons des magasins traditionnels », souligne Arnaud Delaroque, gérant du magasin bordelais.
« C’est une situation gagnant-gagnant, les fabricants tirent le meilleur parti de ce qui aurait pu être une perte. Nous vendons 10 à 20 % en dessous du prix nominal à nos clients. Et nous luttons tous contre le gaspillage. »
10 à 20% en dessous du prix facial classique
On peut ainsi citer les fruits et légumes tordus. Mais aussi les bouteilles de soda ou de bière estampillées aux couleurs d’un événement comme l’Euro de football ou Noël et qui, une fois l’événement terminé, sont retirées des rayons alors que leur contenu est encore totalement consommable, les productions surstockées, celles dont la DLC est trop courte par rapport au cahier des charges des clients distributeurs, etc. « Et donc on propose à ces fournisseurs de racheter ces produits plutôt que de les jeter ou de les avoir sur les bras. C’est gagnant-gagnant, ils rajoutent de la valeur à ce qui aurait pu être une perte. On vend 10 à 20 % en dessous du prix facial normal à nos clients. Et on lutte tous contre le gaspillage », poursuit le négociant.
D’une semaine à l’autre, on ne retrouve pas forcément les mêmes offres, même si sur les rayons frais et fruits et légumes, il n’y a pas de rupture. « Nous nouons aussi des partenariats avec des industriels qui, lorsque leurs produits ont un petit défaut, leur font porter les couleurs du « WE anti-gaspillage » ». L’épicerie propose aussi de beaux produits mais très locaux, issus d’approvisionnements locaux avec ici une conserverie, là des maraîchers de la métropole bordelaise.
Sophie, la trentaine, passe à la caisse. Elle fait toutes ses courses ici, « pas forcément pour le prix, mais le principe éthique porté par la marque me parle… » A noter que les mardis et jeudis, les étudiants peuvent bénéficier de 10% de réduction. Ça compte aussi…