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A Agen, le spectacle de Gabriel Attal éclipse l’inauguration du pont

A Agen, le spectacle de Gabriel Attal éclipse l’inauguration du pont
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Le slogan avait du punch. Il est vrai qu’à Agen, un pont ne se construit que « tous les 100 ans ». Celui de Camélat, en l’occurrence. Mais, même avec ses chiffres dignes d’un blockbuster (22 mois de construction, 240 m de long, 2 200 tonnes d’acier), il a été volé par un jeune dirigeant. Ce samedi, sur les bords de Garonne, Gabriel Attal, invité de dernière minute, est devenu l’attraction principale de cette inauguration.

La pluie n'a pas calmé l'enthousiasme des curieux.


La pluie n’a pas calmé l’enthousiasme des curieux.

Thierry Breton/SO

Dans ma vie, j’aurais…

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Le slogan avait du punch. Il est vrai qu’à Agen, un pont ne se construit que « tous les 100 ans ». Celui de Camélat, en l’occurrence. Mais, même avec ses chiffres dignes d’un blockbuster (22 mois de construction, 240 m de long, 2 200 tonnes d’acier), il a été volé par un jeune dirigeant. Ce samedi, sur les bords de Garonne, Gabriel Attal, invité de dernière minute, est devenu l’attraction principale de cette inauguration.


La pluie n’a pas calmé l’enthousiasme des curieux.

Thierry Breton/SO

Dans ma vie, j’aurais vu le général de Gaulle – enfin, j’avais 3 ans – et Gabriel Attal

Jeunes, vieux, poussettes, femmes enceintes, retraités dûment équipés de sièges rabattables ont bravé un ciel menaçant et un retard de plus d’une heure sur l’heure annoncée pour être sûrs de prendre le selfie qui fera râler tout le monde. jalousie de la tante ou de l’ami, glisser un mot à « Gabriel » pour booster sa candidature ou simplement lui serrer la main. Ici, cette jeune fille a les mains moites et les essuie avec son jean. « Oui, en plus ils collent parce que j’ai mangé des fraises. » Là, ce monsieur assure aux CRS qui ont du mal à contenir la foule : « Dans ma vie, j’aurais vu le général de Gaulle – enfin, j’avais 3 ans – et Gabriel Attal. » Un peu plus loin, c’est un petit garçon qui, appuyé sur les épaules de sa mère, crie : « Gabriiiiieeel ! » Les gardes du corps du « PM » l’entendent, et le bambin court vers « Gaby » et finit dans ses bras. Séquence d’émotion. « Lui (Gabriel Attal, NDLR), il est bien », sourit un élu vêtu de l’écharpe tricolore. Sur le tablier du pont et son tapis rouge, cette dame l’assure : « Il est si jeune, il pourrait être mon fils. »


Gabriel Attal s’est entretenu avec de nombreux enfants.

Thierry Breton/SO

Quitter le protocole

Et c’est bien connu, les jeunes ne respectent rien, même si le locataire de Matignon les exhorte à respecter l’autorité. Non, le protocole précis de l’inauguration n’aura pas duré une demi-seconde. Les discours sous le chapiteau, la déambulation vers le milieu du pont ou le rang républicain « le plus grand que le Lot-et-Garonne ait jamais connu » rempli d’élus du territoire ? Tout cela a volé en éclats dès l’arrivée de Gabriel Attal au pied de Camélat vers 16 heures. Rien qui ne gâche le plaisir de Jean Dionis, qui, malgré ces revirements, affiche un large sourire. Devant l’aisance du chef du gouvernement, il lâche : « J’ai vu des ministres, des présidents… Mais là, je prends une leçon de relations publiques ! »


Un bain de foule pour le Premier ministre, un bain de boue pour ses chaussures.

Thierry Breton/SO

«Je suis venu vous dire bonjour», dit le locataire de Matignon à quelques mètres de là, mettant des mots sur ses propos. La boue de chantier sur le vernis de ses chaussures, parfois jugées trop parisiennes, est-elle arrivée à point nommé ? Les derniers déplacements en province, de la fête foraine de Beaugency (Loiret) à la foire aux buccins de Pirou (Manche), ont servi de répétition à un homme politique habitué à l’exercice et à la bonne formule. « J’ai été prévenu : on m’a dit que le dernier Premier ministre venu à Agen inaugurer un pont était Jacques Chaban-Delmas… Une semaine plus tard, il n’était plus Premier ministre. J’espère que nous pourrons conjurer le destin ! »

J’ai vu des ministres, des présidents… Mais là, je prends une leçon de relations publiques !

Au milieu du pont, le cordon de sécurité s’amincit, les gens n’ont jamais été aussi proches physiquement, pas de quoi effrayer le chef du gouvernement qui coupe le ruban en toute décontraction. Pendant ce temps, deux petites filles pleurent au cœur d’une foule devenue soudain trop nombreuse : elles ont perdu de vue leur mère.

« Une rencontre Attal »

La fête populaire tant promise vacille quelque peu ce samedi après-midi. « Il n’y a pas assez de stands pour tout le monde. Alors, on se croirait à une rencontre Attal ! », raconte ce jeune père venu avec sa fille.


Le tablier du pont a résisté au poids de milliers de visiteurs.

Thierry Breton/SO

D’ailleurs, les services de Matignon l’avaient vu venir, ce marathon de poignées de mains, de squats ministériels pour se mettre au niveau d’interlocuteurs parfois très jeunes. « Il aime parler. C’est un Premier ministre très bavard. » Surtout quand la liste de son parti pour les élections européennes recule ? « Je lui aurais dit de donner un peu plus d’argent aux retraités, regrette ce militant syndical venu avec des amis, mais il n’est pas là pour ça. » Même si la campagne, dans le Lot-et-Garonne, n’est jamais loin.

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