Proxima acquiert douze trains d’Alstom pour concurrencer la SNCF sur la ligne Atlantique
L’ouverture à la concurrence dans le ferroviaire fait bouger les lignes. Proxima, nouvelle entreprise de trains à grande vitesse, vient de signer un protocole d’accord pour l’achat de 12 rames auprès d’Alstom avec pour objectif de relier Nantes, Bordeaux, Rennes et Angers à Paris d’ici la fin des années 2020.
» Nous sommes la première entreprise indépendante de train à grande vitesse en France », a déclaré sa cofondatrice et directrice générale Rachel Picard lors d’une entrevue avec quelques journalistes. Cet ancien patron des TGV à la SNCF a quitté le groupe public début 2020. Avec son associé Timothy Jackson – qui dirigeait les activités de la RATP en Grande-Bretagne et en Irlande mais a également fondé Alpha Trains, une société de location de matériel roulant -, elle compte proposer à terme 10 millions de nouveaux sièges de train à grande vitesse sur l’axe atlantique.
Proxima est entrée en négociations exclusives pour l’achat de 12 rames Avelia Horizon, le modèle TGV M que la SNCF doit mettre en service au second semestre 2025. Il s’agit de rames à deux niveaux construites par Alstom, avec plus de places assises que dans les TGV actuels, et dans lequel Proxima envisage de proposer des développements spécifiques pour se distinguer de la SNCF.
» Des tests dynamiques auront lieu début 2027 », a indiqué Rachel Picard. Restera ensuite à obtenir toutes les autorisations et certifications nécessaires pour lancer le service commercial, qui est généralement « une question de mois plutôt que d’années » a également annoncé le manager, sans préciser de date exacte de lancement.
Le fonds Antin Infrastructure Partners a investi un milliard d’euros
L’ancienne cadre de la SNCF a également assuré avoir trouvé un centre de maintenance grâce à un partenariat avec Lisea, le concessionnaire de la ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux. Pour financer le projet, le fonds Antin Infrastructure Partners a annoncé un investissement d’un milliard d’euros, qui servira en partie à l’achat des trains.
Grâce à cet investissement, Antin Infrastructure Partners devient actionnaire de Proxima, a indiqué son PDG Alain Rauscher. L’investissement, le cinquième du fonds dans le monde ferroviaire mais le premier pour une entreprise de transport de voyageurs, sera financé » par une partie des fonds propres et de la dette que nous levons auprès de grandes banques françaises et internationales », a précisé le dirigeant.
Une concurrence qui peine à se concrétiser
D’autres startups ferroviaires souhaitent se lancer prochainement comme Kevin Speed, qui s’est engagé à racheter 20 trains à Alstom pour ouvrir des liaisons entre Paris et Lille, Lyon et Strasbourg d’ici 2028. Une autre société, Le Train, créée en 2020, prévoit de lancer des trains à grande vitesse. liaisons régionales dans l’ouest de la France en 2026 et a commandé 10 trains au constructeur espagnol Talgo. Ces deux sociétés restent toutefois discrètes sur leurs projets de financement. Pour Railcoop, qui souhaitait relancer la ligne directe Bordeaux-Lyon, c’est déjà la fin de l’aventure. Liquidée fin avril, en raison d’une dette » insoutenable », selon ses dirigeants, elle avait cherché en vain tout au long de l’été 2023 à récolter 500 000 euros supplémentaires auprès de ses 14 500 adhérents pour payer les salaires et les factures de ses fournisseurs.
D’autres entreprises ont également profité de l’ouverture de la concurrence dans le secteur ferroviaire pour affronter de front la SNCF. Pour l’instant, c’est auprès des acteurs traditionnels que l’entreprise historique est la plus attaquée. Renfe exploite, depuis cette année, une liaison entre Marseille et Madrid qui dessert de nombreuses gares sur son parcours dont en Espagne celles de Saragosse, Barcelone ou Gérone et en France Perpignan, Narbonne, Béziers, Montpellier, Nîmes, Avignon et Aix-en. -Provence. Renfe était alors la deuxième entreprise à venir chasser sur les terrains historiques de la SNCF après Trenitalia, qui a ouvert une ligne entre Paris et Milan via Lyon en décembre 2021. Fin 2023, la compagnie espagnole s’est également lancée sur l’axe Paris-Lyon-Marseille, avec la promesse de prix bas.
Outre la SNCF, Trenitalia et Renfe, un quatrième opérateur a annoncé son intention de se lancer sur les rails en France : Arriva, filiale de la Deutsche Bahn allemande, prévoit d’ouvrir une ligne Groningue-Paris reliant la capitale française à Bruxelles et Amsterdam. à partir de l’été 2026. Toutes ces entreprises opèrent sous le label « accès libre « , c’est-à-dire qu’ils ne bénéficient d’aucune aide publique. Ils doivent approvisionner les trains, recruter les cheminots, mettre en place un système de vente et obtenir les sillons (créneaux de circulation) pour faire circuler leurs trains, ce qui nécessite des ossatures solides. .
(Avec l’AFP)