la mobilité sacrifiée sur l’autel des idéologies politiques ?
Article d’opinion / d’humeur
Peu débattue lors des élections présidentielles françaises de 2022, la mobilité met en lumière les tensions majeures qui tiraillent l’Union européenne et les différentes sensibilités politiques.
Une forte opposition qui pourrait remettre en cause cette échéance ?
Le continent européen est-il vraiment prêt à arrêter la vente de véhicules thermiques neufs dans 10 ans ? Les résultats des prochaines élections seront décisifs. En effet, malgré cette décision qui oblige les industries à se mettre au diapason pour pouvoir offrir des perspectives aux futurs repreneurs, cette décision pourrait s’avérer compliquée à mettre en œuvre. Le principal parti européen (PPE) s’oppose à l’interdiction des ventes de véhicules thermiques en 2035, d’autres partis sont plus nuancés, quand certains veulent appliquer cette décision au pied de la lettre.
À l’instar d’autres réformes visant à réduire drastiquement les gaz à effet de serre, comme les ZFE, les avancées écologiques sont accueillies de manière mitigée. Si cela a été plutôt convaincant dans de nombreuses villes suédoises et au Royaume-Uni, son application en France est plus périlleuse. Plusieurs communes ont décidé de reporter son application, bien trop compliquée à mettre en œuvre, jusqu’à ce que les infrastructures souhaitées soient disponibles. Parallèle intéressant quand on sait que les ZFE ont bel et bien été votées et que les villes ont pu reporter leur application. Bien entendu, à terme, ils ne pourront pas y échapper.
Il en va de même pour l’interdiction de la vente de véhicules thermiques d’ici 2035. Comme cela a été convenu au niveau de l’Union européenne, des compromis doivent désormais être trouvés, comme cela a été le cas en Allemagne. En effet, les constructeurs automobiles pourront vendre des véhicules thermiques s’ils roulent aux carburants de synthèse.
L’Europe à l’ère du compromis ?
Les divisions sur la mobilité portent principalement sur la question écologique et donc, il faut le dire, sur l’aspect idéologique. Dans le collimateur des manifestants, le pouvoir d’achat et les infrastructures sont encore trop sous-développés pour que tout fonctionne correctement. Surtout, l’Europe a-t-elle la capacité de fournir la totalité ou une grande partie du parc automobile, les bornes de recharge et l’énergie nécessaire à l’alimentation de tous ces véhicules ?
Il y a aujourd’hui plus de 250 millions de voitures dans l’Union européenne. Même si les ventes de véhicules électriques sont en augmentation, elles représentent actuellement moins de 1 % du parc automobile. De plus, ce sont souvent les prix qui bloquent les acheteurs. Malgré les bonus écologiques et les primes à la conversion, l’acquisition et l’entretien d’un véhicule électrique restent coûteux. Cela représente un coût réel pour de nombreux ménages. L’inflation s’étant calmée sur le continent, elle reste préoccupante pour l’économie et impacte donc le portefeuille des consommateurs. Pour y parvenir, des pans entiers de l’industrie doivent pouvoir bénéficier d’un avantage financier pour l’achat et l’entretien d’une voiture électrique.
A l’inverse, l’urgence écologique est à nos portes et la nécessité de changer radicalement nos façons de consommer et de vivre oriente le débat vers un autre sujet, tout aussi passionné et lié à la mobilité, celui de l’énergie. Comment opérer une transition et parvenir à la souveraineté énergétique européenne sans que cela ait un impact sur les prix pour les citoyens ?
Autant de sujets qui sont cruciaux pour ces élections européennes et qui définiront les grands débats des années à venir. Les ajustements risquent d’être nombreux compte tenu des incertitudes et des divergences de vues, qui concernent pourtant plus de 448 millions de citoyens européens.