Les députés rejettent les motions de censure du RN et LFI sur le déficit public
Ce lundi, sans surprise, les deux motions de censure déposées par les oppositions de gauche et du RN n’ont pas abouti. Le gouvernement reste donc en place, à quelques jours des élections européennes.
Il n’y avait pratiquement pas de suspense. Ce lundi après-midi, dans une Chambre très clairsemée, aucune des deux motions de censure qui visaient le gouvernement n’a été adoptée. Celle des Insoumis, défendue par le député Mathias Tavel, a obtenu 222 voix, votées par l’ensemble des élus du Nupes et ceux du Rassemblement national. Celui du groupe de Marine Le Pen, présenté par le vice-président RN de l’Assemblée Sébastien Chenu, n’a obtenu que ses propres voix, soit 89 au total.
Les deux partis politiques ont pris la décision, en fin de semaine dernière, de poursuivre leur démarche en déposant ces deux motions de censure, à quelques jours des élections européennes. Objectif : tenter de faire tomber le gouvernement suite à son refus de présenter un budget rectificatif pour l’année 2024. Car après un budget adopté en plusieurs 49.3, fin 2023, l’exécutif n’a pas pris l’initiative d’un projet de loi rectificatif malgré l’aggravation du déficit français il y a quelques semaines.
« L’équipe de France des perdants »
S’il n’aura aucune conséquence politique pour le gouvernement de Gabriel Attal, l’examen de ces deux motions de censure aura au moins permis aux oppositions de gauche comme le RN d’exprimer leurs vifs désaccords avec l’exécutif. « Ce n’est pas la France qui est en faillite, c’est le macronisme. (…) Vos prévisions budgétaires étaient fantaisistes. Ici une croissance surestimée, là un déficit public sous-estimé et vous persistez parce que votre plan d’austérité va encore réduire l’activité économique”a attaqué les Insoumis Mathias Tavel.
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De son côté, Sébastien Chenu (RN) s’est moqué « L’équipe française de l’échec économique »indigné par « gestion lamentable des finances publiques » par le ministre de l’Économie. « Vous vous êtes présentés comme des experts, des Mozarts de la finance. Nous avons vu. (…) Rien ne va bien dans vos pronostics, rien n’est sincère. Rien n’est grave dans ton budget »» a lancé le vice-président du Palais Bourbon.
Avant de lancer un appel notable aux députés Les Républicains. «Sortez de l’ambiguïté. On ne peut pas en campagne être de toutes les oppositions à Emmanuel Macron, et ensuite être de toutes les majorités. Il n’y a aucune excuse, ne transformez pas votre groupe en un champ de béquilles de la macronie. »a lancé Sébastien Chenu, sous les applaudissements des élus RN.
Le RN et LFI « main dans la main » ?
Une invitation à laquelle le président du groupe LR a longuement répondu – par la négative – quelques minutes plus tard. Et d’une manière bien plus offensive qu’il ne l’avait fait jusqu’à présent. « Une nouvelle fois, main dans la main, LFI et le RN déposent une motion de censure », présente Olivier Marleix. Avant de s’en prendre lourdement à Marine Le Pen : « On ne peut pas donner de leçon sur la dette quand on fait preuve d’une démagogie totale en proposant la retraite à 60 ans ». Ou : « Vous n’avez jamais été au rendez-vous du courage politique. Le courage ne consiste pas à lancer un énième pétard humide.». Et poser un « ligne rouge au sein du gouvernement » : s’il décide de « payer l’addition » aux Français, alors le groupe LR déposera une motion. « Pour nous, la censure n’est pas un jeu politique, ce sera notre arme pour défendre le pouvoir d’achat des Français »conclut-il.
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Quelques minutes auparavant, le Premier ministre Gabriel Attal s’en était également pris à des députés marinistes et insoumis, les accusant d’agir « le concert » pour provoquer le « désordre » Et « semer le chaos » Pour « récolter les fruits ». « C’est votre quête commune »a-t-il ironisé, avant de défendre les choix de l’exécutif pendant la période Covid afin de « sauver l’économie française ». « Votre motion de censure est une incohérence qui aurait des conséquences dans la vie quotidienne »a également critiqué Gabriel Attal, évoquant « instabilité » politique que l’adoption d’une telle motion engendrerait.
Comme prévu, ces 33e et 34e motions de censure depuis le début de la législature n’ont donc pas abouti. A l’Assemblée, si le gouvernement ne dispose toujours pas de majorité pour faire adopter sans problème ses lois, il n’a toujours pas non plus de majorité pour les faire tomber. Un paradoxe qui dure depuis près de deux ans.