« L’idée originale de ‘The Power’ c’était du prime avec des anonymes… » : Comment W9 a façonné à son image sa nouvelle télé-réalité
Pour puremédias, Moe Bennani, fondateur de l’entreprise Dreamspark et Romuald Graveleau, directeur des programmes chez Studio 89 Productions reviennent sur la genèse de la création de « The Power », la nouvelle télé-réalité de W9.
C’est la nouvelle télé-réalité de W9. Après le succès de « Cinquante » et « Traîtres », la chaîne du groupe M6 mise sur un nouveau jeu d’enquête pour attirer ses téléspectateurs. Dans ce nouveau format original, 13 candidats issus du monde de la télévision (Carla Moreau des « Marseillais », Eddie de « Secret Story », Coumba de « Koh-Lanta », etc…) devront faire preuve de stratégie pour devenir la ‘ résident ultime d’une villa située en Espagne. Le prix : 20 000 euros pour une association.
Chaque semaine, un participant sera désigné au hasard comme « Power Player ». Il deviendra le maître du jeu et pourra prendre des décisions cruciales pour la suite de l’aventure : qui dort où, qui mange quoi, qui a tel privilège ou tel handicap ? En fin de semaine, le « Power player » désignera le joueur qu’il souhaite éliminer. Le problème est qu’il devra garder son identité secrète. S’il est démasqué, c’est lui qui devra quitter l’aventure.
Pour puremedias.comMoe Bennani, fondateur de la compagnie Dreamspark, et Romuald Graveleau, directeur des programmes au Studio 89, reviennent sur la création de cette création française.
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Commentaires recueillis par Benjamin Rabier
Puremédias : Comment est née l’idée de « The Power » ?
Moe Bennani : Regarder la série Apple TV+, « Suspicion ». A la fin du dernier épisode, le personnage principal dit « il y a toujours quelqu’un qui a le pouvoir, la question est qui et pourquoi ?« . Cette phrase m’est restée très longtemps en tête. Je me suis dit qu’il fallait que je développe un jeu autour de la notion de pouvoir. Comme les formats télévisuels dans la veine de ‘Traîtres’ et ‘Loup-garou’ fonctionnent bien à Sur le moment, nous avons réfléchi à un format autour de la question du pouvoir chez Dreamspark. Nous avons imaginé cette mécanique du Power Player, un rôle caché. Nous avons ensuite présenté notre projet au Studio 89 Productions car ce sont des experts en la matière. Ensemble, nous avons réfléchi à la façon dont d’adapter notre idée en un jeu diffusé quotidiennement sur W9.
Dès le départ, aviez-vous imaginé le programme sur cette tranche horaire ?
Moe Bennani : Non, l’idée de départ était un bonus avec des anonymes… C’est à force de travail et de rencontres avec les équipes M6/W9 que nous avons répondu à leurs besoins. Ensemble, nous avons re-développé notre concept pour qu’il s’intègre dans cette tranche horaire. Comme ‘The Power’ est programmé dans la rubrique télé-réalité de W9, nous avons souhaité réunir des stars du genre tout en ouvrant le casting à d’autres célébrités. Nous avons ensuite travaillé sur la mécanique et le découpage du jeu en épisodes pour s’adapter à une diffusion quotidienne.
Combien de mois de développement s’est écoulé entre la proposition de Dreamspark et le premier jour de tournage ?
Romuald Graveleau : 3 à 4 mois.
Comment avez-vous procédé alors ?
Romuald Graveleau : Lorsque Moe et ses équipes sont venus nous présenter leur projet, ils avaient un dossier avec l’idée de puissance et de mécanisme. Notre rôle au Studio 89 était de l’adapter, de dire ‘ok mais comment faire pour que les choses arrivent chaque jour, qu’il y ait des rebondissements ?‘. Nous avons réfléchi, ajouté des jeux, des tests, des indices, etc… Nous avons imaginé un problème qui était complété chaque semaine dans l’épisode du vendredi avec un Super Joueur, une cible…
Ils ont dit
« Dans la vie quotidienne, il faut que des choses arrivent tous les jours »
Romuald Graveleau
Concrètement, qu’est-ce qui change entre un programme de bonus et un programme journalier ?
Romuald Graveleau : Dans la vie quotidienne, des choses doivent arriver tous les jours. Dans « The Power », nous opérons en semaine. Du lundi au vendredi, une enquête est menée. Ainsi, chaque jour, il faut distiller des éléments qui vont bousculer les joueurs, faire avancer l’enquête, parfois déstabiliser le Power Player ou lui donner des avantages. C’est la différence majeure avec une émission diffusée aux heures de grande écoute.
Le casting est composé de stars de télé-réalité mais pas que. Pourquoi ce choix ?
Romuald Graveleau : Nous voulions des joueurs. C’est un jeu autour du pouvoir, de la stratégie, parfois même de la manipulation, nous avons donc voulu réunir des personnalités qui avaient en commun cet aspect compétitif, stratégique et avec un fort caractère puisqu’il faut se confronter aux autres.
En fin de compte, le choix s’est fait étonnamment assez facilement. L’évidence est apparue immédiatement et même pour des gens comme Pascal Soetens, on s’est dit qu’un jeu autour du pouvoir avec « Pascal, le Grand Frère » était une évidence. Tout aussi évidente que la présence de Carla Moreau (il rit).
On entend beaucoup dire que les chaînes de télévision lancent de moins en moins de créations originales. Que faisons-nous du côté de la production pour garantir que nous ne nous heurtons pas à un mur avec un format complètement nouveau ?
Romuald Graveleau : On s’entraîne, on réfléchit, on prend des risques, on teste certaines choses. On essaie de se dire qu’on met en place tout un mécanisme pour que l’enquête tienne et après on s’appuie sur notre casting. La clé du programme, ce sont les joueurs. Si la personne qui entre dans la villa est un joueur, si elle joue au jeu, c’est une victoire.
Le premier jour de tournage, c’était assez simple, on s’est dit « Si dans la première heure les candidats bâillent, se demandent ce qu’ils font là ou réclament leur téléphone, c’est fini. Si au contraire ils se mettent à s’épier et à se regarder, c’est gagné« . C’est ce qui s’est passé au bout de dix minutes.
Comment allez-vous travailler l’image et la réalisation du jeu pour qu’il ne ressemble pas aux autres formats existants ?
Romuald Graveleau : Nous avons recherché des marqueurs de programme qui collent le plus possible à l’univers développé par Moe et les équipes de développement du Studio 89. Nous voulions créer un univers quelque peu dystopique. Les drones sont donc apparus très rapidement dans nos discussions. L’idée est d’essayer d’apporter une iconographie, une approche un peu nouvelle par rapport à ce qui se fait dans la boîte et sur d’autres émissions de télé-réalité.
Moe Bennani : Comme nous avons développé et produit le format pour pouvoir également le vendre à l’international, nous avons voulu nous démarquer des autres émissions du genre. Lorsque nous présentons le programme, nous disons souvent : «si ‘Les Traîtres’ reprend les codes de la saga ‘Harry Potter’, ‘The Power’ penche plutôt pour ‘James Bond’ ou ‘Glass Onion’ (Netflix) ». On est dans une maison où aurait pu vivre James Bond, où il y a aussi de l’espionnage, d’où les drones, d’où cette intelligence artificielle, d’où Delta qui contrôle un peu tout.
Ils ont dit
« Nous avons été approchés par des plateformes américaines qui souhaiteraient adapter le jeu »
Moe Bennani
Dans « The Power », il n’y a d’hôte que Delta, une intelligence artificielle qui guide les candidats. Pourquoi ce choix ?
Romuald Graveleau : Nous souhaitions vraiment créer une ambiance « Cluedo » à huis clos. Nous nous sommes donc posé la question de l’intérêt d’avoir un animateur. On s’est dit qu’on préférait laisser les candidats dans le même environnement, qu’ils jouent le jeu ensemble, sans intervention extérieure. D’où Delta, cette voix invisible et mystérieuse, maître du jeu avec qui ils interagissent. Mais pas plus. Cela a contribué à l’ambiance générale dans laquelle les candidats sont entrés.
Il y a des défis réguliers dans le jeu. Comment les avez-vous imaginés ?
Romuald Graveleau : La règle de base est que les candidats ne quittent jamais la villa. Les tests sont là pour apporter un plus aux investigations des joueurs. Dans chaque jeu, il y a une double lecture, c’est à dire l’épreuve en soi, qui consiste à réaliser un défi mais aussi, et c’est une des différences de ‘The Power’, que le Power Player a toujours une action secrète. sur le jeu. C’est à dire qu’au moins il a choisi de poser un handicap, ou de donner un avantage à quelqu’un.
Comment avez-vous travaillé la narration du show avec ces flashbacks où les téléspectateurs peuvent découvrir les choix faits quelques heures plus tôt par le Power Player ?
Moe Bennani : Il y a des flashbacks mais il y aura aussi des flashforwards. Dans la narration des épisodes, nous avons choisi de remonter le temps pour expliquer que les décisions d’aujourd’hui ont des impacts sur le futur. C’est un jeu de stratégie donc certains se font à court terme, dans la journée, mais d’autres se font via des alliances qui se feront sur toute la saison. Et nous le verrons également au fur et à mesure.
Moe, vous avez dit plus tôt dans cette interview que l’objectif était de vendre « The Power » à l’international. Avez-vous déjà des clés ?
Moe Bennani : Nous avons déjà des intérêts internationaux. Nous avons été approchés par des plateformes américaines qui souhaiteraient l’adapter mais aussi par des chaînes néerlandaises, car c’est un format qui répond aux besoins du moment. La télé-réalité fonctionne, que ce soit sur plateforme ou sur W9 linéaire ou sur Netflix. Les célébrités travaillent. Les jeux d’enquête fonctionnent parce que les téléspectateurs jouent avec les candidats. Donc affaire à suivre.