Anne Hidalgo en confiance en veste rose dans son bureau de Mairie : la photo qui pose question
A quelques semaines des Jeux Olympiques, la maire de Paris posait devant l’objectif de la célèbre photographe Annie Leibovitz pour Vogue. Cependant, la mise en scène a laissé certains perplexes. Un spécialiste du langage corporel analyse sa posture.
C’est le dernier coup de pub de la Maire de Paris. Régulièrement chahutée par les Parisiens, accusés d’avoir détourné des fonds publics en octobre dans le cadre du « Tahitigate », Anne Hidalgo cherche peut-être à serrer les rangs avant la grande échéance des JO. Dans le nouveau numéro de Vogue , se défend-elle : « Maire est un métier difficile. C’est un poste important et je suis la première femme à l’occuper à Paris. Mais j’ai une vision. Je ne peux pas passer mon temps à me plaindre d’être une femme, je dois me battre contre mes adversaires. » Et elle doit se battre. Après dix ans à la tête de la capitale, l’ancienne protégée de Bertrand Delanoë n’exclut pas de se présenter aux élections. nouveau mandat en 2026.
D’ici là, un défi majeur demeure : assurer le bon déroulement des Jeux Olympiques (JO). Au milieu des questions et des doutes soulevés par de nombreux opposants, la photographie qui accompagne l’article de Vogue pourrait ne pas arranger les choses. Sur cette photo d’Annie Leibovitz, la « photographe des stars », Anne Hidalgo est confortablement assise dans un fauteuil Louis XV de son bureau à Paris, dans une attitude confiante et sûre d’elle. Mais cette mise en scène a été critiquée par certains internautes. « Cette photo est indécente », juge-t-on. Autre réfutation : « Le tournage était vraiment sympa pour les prochaines élections mais il (sic) n’y avait-il pas de projets à terminer ? »
« Quelqu’un qui s’est assoupi »
Ces réactions ne surprennent pas le spécialiste du langage corporel Stephen Bunard. « Si on regarde d’abord la posture, ce n’est pas une image très dynamique », juge-t-il. On a plutôt l’impression de quelqu’un qui s’est assoupi dans son fauteuil et qui vient d’être réveillé de sa sieste de manière inopinée. Anne Hidalgo est presque avachie dans un contexte où on s’attendrait à ce qu’elle soit plus dynamique, à quelques semaines des JO et d’une éventuelle campagne pour un nouveau mandat.
« Faussement confortable »
Ce tableau laisse en tout cas l’auteur de Vos actions disent à haute voix ce que vous pensez (1) pensif. «Cette posture, faussement confortable, est étrange», estime Stephen Bunard. Elle véhicule l’image d’un apparatchik bien implanté à la Mairie. Alors, qu’est-ce qu’Anne Hidalgo a voulu nous dire ici ? Nous cherchons encore du sens. En réalité, cette photo a l’air « posée », et en l’occurrence « mal posée ». La main gauche, que l’on associe à la spontanéité, est cachée comme si l’édile parisien avait quelque chose à cacher, ce qui ne peut être présumé.
L’expert analyse ensuite le jeu des couleurs dans la photographie : « Avec sa veste couleur « barbe à papa », Anne Hidalgo rappelle qu’elle a quand même pu être socialiste malgré le confort bleu dans lequel elle vit, qui s’apparente davantage à codes de droite.
Temps gris
Dans ce décor cossu, qui dévoile des œuvres d’art classiques et contemporaines (notamment une affiche Connaissance + Action + Pouvoir signé Shepard Fairey), plusieurs éléments séduisent Stephen Bunard : « Il y a d’abord ce panda posé sur le bureau qui ressemble à une tirelire, le terrarium pour rappeler la fibre écologique mais aussi ce manteau qu’Anne Hidalgo utilise comme couverture, qui coïncide avec avec le temps gris que l’on devine au loin et qui nous ferait presque dire : « Ne venez pas à Paris ».
Et l’auteur de conclure que ce coup de communication politique est, selon lui, « raté » : « Je suis surpris que tant la photographe Annie Leibovitz que l’équipe de communication d’Hidalgo aient pu penser que cette photo allait être efficace. D’autant que l’accent qui l’accompagne est le suivant : « Maire est un métier difficile. Mais j’ai une vision. » Toutefois, cette photo n’apporte aucun éclairage sur la vision d’Anne Hidalgo. Et il n’y a aucun risque de la faire aimer davantage des étrangers, ni des Parisiens !
(1) Vos actions disent à haute voix ce que vous pensez, de Stephen Bunard, publié le 8 mars 2018, Éd. SoBook, 270 p., 20 €.