Au procès de Donald Trump, l’heure des délibérations est venue
« Bonjour, je vais maintenant vous donner des instructions sur la loi. » C’est par ces paroles solennelles que le juge Juan Merchan s’est adressé aux douze jurés, réunis mercredi 29 mai au tribunal pénal de Manhattan. Au terme de vingt et un jours d’audience, l’heure du délibéré a sonné.
Ancien président et candidat à le redevenir, Donald Trump, inculpé de trente-quatre chefs de falsification de documents comptables, voit son sort pénal confié à ces citoyens, pour une durée indéterminée. Leur identité est protégée. Leur biographie, lors de la sélection, a été réduite à des éléments simples. Les voilà enfermés dans une pièce, sans téléphone portable, avec leurs cahiers noircis, à la croisée de l’histoire juridique et politique américaine.
Sept hommes, cinq femmes. Ces dernières semaines, leur moindre grimace, sourire, froncement de sourcils, signe de fatigue ou de frustration a été scruté. Dans l’intimité de leur cercle éphémère, ils doivent désormais trancher sur la culpabilité ou l’innocence de l’ex-président, dans le seul procès qui se tiendra probablement contre lui avant l’élection de novembre contre Joe Biden. S’il est coupable, le juge Juan Merchan s’exposera à toute une série de peines possibles, dont quatre ans de prison. Si l’unanimité n’est pas obtenue (jury pendu), le procès sera déclaré nul (annulation du procès). Le procureur de la République peut alors en demander une nouvelle.
« Preuve hors de tout doute raisonnable »
Mercredi, pendant plus d’une heure, le juge Juan Merchan a offert une leçon classique et indispensable de droit pénal. Il a rappelé aux jurés qu’ils ne doivent en aucun cas décider en fonction de leurs opinions, de leurs préjugés, de leurs opinions partisanes, mais bien en fonction de la preuve et du droit. Le magistrat les a invités à s’abstenir de toute spéculation sur les sanctions encourues. Il a également souligné que « la charge de la preuve ne pourra jamais passer de l’accusation à l’accusé ». « Que signifie la preuve hors de tout doute raisonnable ?continua le magistrat. La loi reconnaît qu’en matière humaine, il y a peu de choses qui peuvent être connues avec une certitude absolue, ce qui n’est donc pas requis, mais cela est également insuffisant pour prouver qu’un accusé est « probablement coupable » dans une affaire pénale. »
Le juge a proposé aux jurés une sorte de boîte à outils, des questions fondamentales à poser et à débattre lors de l’évaluation du dossier. Cela concerne notamment les vingt témoins à charge et les deux autres invités par la défense. Ce qui compte, c’est la qualité des témoignages, et non leur nombre, a déclaré Juan Merchan. il n’y a pas « formule spéciale » Pour évaluer ces témoignages : il faut procéder comme dans la vie quotidienne, quand on entend une histoire, a résumé le magistrat.
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