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L’étonnante sérénité de Gabriel Attal, premier ministre en suspens

Le Premier ministre, Gabriel Attal, avant le débat qui l'oppose au président du Rassemblement national, Jordan Bardella, à Aubervilliers, le 23 mai 2024.

Cloué au sol. Ce mardi 28 mai, quand Gabriel Attal reçoit Le monde Au premier étage de l’Hôtel de Matignon, le Premier ministre est contraint depuis la veille par le traditionnel délai de réserve. Pas d’annonce, pas de déplacement officiel jusqu’aux élections européennes du 9 juin. Le Premier ministre s’impatiente à l’idée d’aller commémorer le 80e anniversaire du Débarquement. Le 6 juin, le chef de la majorité devrait rencontrer à Omaha Beach, en Normandie, son « ami » Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, à qui il a rendu visite en avril, jubile à l’idée de saluer le prince William, héritier du trône anglais. Emmanuel Macron sera aux côtés de Charles III. A lui le prince, au chef de l’Etat le roi. Tout un symbole.

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Le trentenaire semble encore grisé par sa prestation télévisée lors du débat qui l’opposait, cinq jours plus tôt, au leader du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella. « Tu l’as plié » a félicité Valérie Hayer, tête de liste du camp présidentiel pour les élections européennes, une fois l’émission terminée. A plusieurs reprises ce soir-là, le chef du gouvernement a cru avoir mis en avant les approximations de son adversaire. « Sur le marché unique, ça a un peu pataugé », juge-t-il. Son interlocuteur avait une litanie de dossiers devant lui, quand Gabriel Attal est arrivé bredouille. « Nous avons peut-être besoin de cartes, nous ne sommes pas des ordinateurs », s’excuse le diplômé de Sciences Po, comme pour mieux souligner sa supériorité intellectuelle.

François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains, comme Raphaël Glucksmann, candidat de la gauche, se sont offusqués de ce duel qui met une nouvelle fois en scène le RN, éclipsant les adversaires modérés de la macronie. Gabriel Attal rappelle qu’il a longtemps refusé de débattre avec le leader d’extrême droite. « Je me suis remis en question à plusieurs reprises, car je ne veux pas trop lui accorder de crédit. Mais j’ai décidé d’y aller car il faut montrer à quel point le RN est fondamentalement fragile et dangereux, et plein d’incohérences. explique le Premier ministre, assurant qu’il n’avait rien à gagner, et tout à perdre, dans ce débat.

« Les Français ne sont pas à la campagne »

Satisfait d’avoir enfin surmonté l’obstacle, Gabriel Attal estime avoir « a boosté les militants » et contribué à « rééquilibrer » la ligne politique jugée trop à droite par la gauche macroniste depuis le vote du projet de loi sur l’immigration. «Je suis fier d’être en désaccord avec (Jordanie Bardella) et je n’accepterai jamais qu’on considère que derrière chaque immigrant il y a un délinquant ou un terroriste », répète-t-il, tout en étant conscient que le match aura peu d’effet sur la campagne européenne. « Ce n’est pas un débat qui à lui seul change une dynamique, c’est un tout », il chuchote.

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Cammile Bussière

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