Agression de Samara à Montpellier : l’un de ses enseignants témoigne du harcèlement qu’il a subi au collège Rimbaud
« Le battage médiatique » autour de l’agression subie par Samara mardi soir près du collège Arthur Rimbaud a fait réagir en janvier dernier l’un de ses professeurs, lui-même victime de harcèlement et d’insultes sur les réseaux sociaux.
« La frénésie médiatique » Autour de l’attentat subi par Samara, mardi soir près du collège Arthur Rimbaud, un de ses professeurs a réagi. « J’ai eu Samara comme étudiante en 2023. C’est une étudiante assez sensible, intégrée, agréable. »
Une plainte pour atteinte à la vie privée
« Les réseaux sociaux évoluent si vite. » Il vient d’en faire la cruelle expérience. Le 12 janvier, il a porté plainte au commissariat central pour « Victime visée dans l’exercice de sa profession, atteinte à la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image d’une personne et injures non publiques »captures d’écran à l’appui, signalant des propos homophobes et des insultes à son encontre.
Un fil de conversation qui rassemble 80 étudiants
La « conversation » rassemble près de 80 étudiants, toutes classes confondues, « Une photo de moi a été diffusée, avec des insultes liées à une supposée homosexualité ».
C’est un de ses élèves qui, voyant les propos dériver violemment, l’a prévenu qu’il se passait quelque chose. « des choses pas très correctes » sur la messagerie. « Je reviens sur les propos utilisés, mais ils étaient suffisamment explicites et violents pour m’effrayer beaucoup ». Les étudiants sont identifiés et deux d’entre eux passent en conseil de discipline, avec une exclusion de 5 jours pour l’un et une peine avec sursis pour l’autre.
« Ce qui m’a sauvé, c’est de m’appuyer sur l’équipe pédagogique, l’empathie des collègues. J’ai pu bénéficier d’une protection fonctionnelle sous la couverture du recteur et du DASEN avec l’accompagnement d’un psychologue. Les choses ont été faites selon les règles et gérées dans les services. Je veux dire aux parents que les enseignants peuvent se reconnaître dans ce que vivent les élèves. »
Le professeur ne recule pas à la reprise des cours, « C’était difficile mais j’ai essayé de le rendre pédagogique, j’ai exprimé aux étudiants ma déception, que ça m’a blessé intérieurement, car beaucoup d’entre nous sont donnés au REP+. Ils n’abandonnent pas absolument ignorent la gravité de leurs propos. , et les parents n’ont aucune idée de ce qu’ils font sur les réseaux sociaux.
« Nous ne sommes pas des super-héros »
Mais pour lui, c’est encore le manque de moyens qui est à l’origine de cette grave incohérence. « La lutte contre le harcèlement n’est pas une affaire de volontariat, nous ne sommes pas des super-héros. Avec 850 élèves, nous ne pouvons pas être partout. Il ne faut pas que les familles croient qu’on ne s’occupe pas des enfants. Il faudrait avoir un agent de prévention et de sécurité ( APS), mais nous l’attendons toujours. » Quant au dépôt de plainte, l’enseignant ne sait toujours rien des traitements infligés par la police.