la présidente démissionnaire du Parlement arrêtée pour corruption
La présidente démissionnaire du Parlement sud-africain, Nosiviwe Mapisa-Nqakula, a été arrêtée jeudi 4 avril après s’être livrée à la police dans le cadre d’une enquête pour corruption portant sur des faits remontant à l’époque où elle était ministre de la Défense. « Elle doit être présentée devant un tribunal de Pretoria » dans la journée, a rapporté à l’Agence France-Presse (AFP) Henry Mamothame, porte-parole du parquet national sud-africain, confirmant l’arrestation de M.moi Mapisa-Nqakula tôt le matin.
« Ce tribunal n’est pas en mesure de déclarer qu’une arrestation qui n’a pas encore eu lieu est illégale ou qu’elle le serait »a jugé le juge Sulet Potterill au tribunal de Pretoria, annonçant « ne poursuivez pas cet appel ». « Si le tribunal accédait à une telle demande, cela ouvrirait les vannes pour que chaque suspect puisse invoquer la faiblesse des charges retenues contre lui et empêcher son arrestation »elle a continué.
Présidente du Parlement depuis 2021 et membre du tout-puissant comité exécutif national (NEC) du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, Nosiviwe Mapisa-Nqakula a annoncé la veille sa démission. « Compte tenu de la gravité des accusations très médiatisées portées contre moi, je ne peux pas continuer à occuper ce poste » au Parlement, a-t-elle expliqué dans sa lettre de démission consultée par l’AFP. Elle a déclaré qu’elle quittait ses fonctions afin de préserver l’intégrité de l’institution et de se concentrer sur l’enquête ouverte contre elle.
Mmoi Mapisa-Nqakula, 67 ans, est accusée d’avoir reçu des sommes importantes d’un entrepreneur militaire lorsqu’elle était ministre de la défense (2014-2021). Selon les médias locaux, elle est accusée d’avoir reçu 2,3 millions de rands (quelque 114 000 euros) de pots-de-vin.
» Une victoire «
Après une perquisition à son domicile il y a deux semaines, Mmoi Mapisa-Nqakula avait commencé « congé spécial ». Elle avait déposé un recours d’urgence pour tenter d’éviter une arrestation qu’elle considérait « illégal » au vu des preuves « mince » rassemblés contre elle.
Ce recours a été rejeté mardi par la justice, ouvrant ainsi la voie à une éventuelle arrestation de cette figure du parti au pouvoir. L’opposition réclame sa démission ou son limogeage depuis que l’affaire a éclaté en mars, à deux mois d’élections qui s’annoncent tendues pour l’ANC. Les Sud-Africains sont appelés aux urnes le 29 mai pour renouveler leur Parlement, qui choisira le prochain président. Selon les sondages d’opinion, l’ANC risque de perdre pour la première fois sa majorité absolue.
Le premier parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a exigé sa démission le 22 mars, estimant que « son maintien compromet l’intégrité de l’institution législative ». Cette affaire intervient à moins de deux mois d’élections particulièrement risquées pour le parti historique, en perte de popularité, notamment en raison d’une image ternie par des affaires de corruption et d’un climat socio-économique morose.
Les partis d’opposition, dont l’Alliance démocratique et les Combattants de la liberté économique (EFF, gauche radicale), ont salué cette démission. « Cette démission est une victoire pour la responsabilité (devant le tribunal) et le Parlement. Et, par extension, le peuple sud-africain» a déclaré l’Alliance. Les personnes chargées de diriger et de représenter l’Afrique du Sud doivent être à la hauteur. » Le Parlement a annoncé que la présidente serait remplacée par son adjoint Lechesa Tsenoli.