La Fugue de Mohamed Amra. Sera-t-il retrouvé vivant ? « Cela aurait pu déjà être coulé dans le béton »
Par
Laurene Fertin
Publié le
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Deux semaines en fuite. Mardi 14 mai 2024, Mohamed Amra a été désincarcéré d’un camion-prison avec l’aide d’un commando armé, faisant deux morts et trois grièvement blessés, au péage d’Incarville, dans l’Eure.
Déjà connu des services judiciaires, à 30 ans, il devient l’homme le plus recherché de France. La traque par la police suit son cours. Pour l’instant, aucune arrestation n’a pas sa place, que ce soit pour Mohamed Amra lui-même ou ses complices.
Comment procèdent les enquêteurs à ce stade ? Interrogé le matin de RTL ce mardi 28 mai, Frédéric Ploquin, journaliste spécialisé dans le crime organisé, estime que tous les défauts de la personnalité de Mohamed Amra sont étudiés pour le retrouver.
« Il est coincé comme un rat et ça ne lui ressemble pas »
Pour rester en fuite, « il faut beaucoup de patience », commence Frédéric Ploquin, « mais Mohamed Amra est une personne impatiente compulsive. « Il faut aussi de l’humilité, être discret. Mais il est quelqu’un d’extravagant, il a besoin de faire savoir à tout moment ce qu’il fait», ajoute le journaliste.
Dans sa cellule de prison (mise sur écoute, NDLR), on comprend que c’est quelqu’un qui est constamment en action. Là, il est coincé comme un rat et ça, ça ne lui ressemble pas.
Bref, pour rester en fuite, il faut savoir se faire oublier. « Ici, c’est tout le contraire, explique Frédéric Ploquin.
Le risque de trahison
Si la personnalité de Mohamed Amra risque de faire défaut, pour le bénéfice des enquêteurs, le nombre de personnes ayant fui avec lui aussi.
Ils sont quatre en fuite et c’est un atout majeur pour la police. Se cacher à quatre est impossible, cela implique de prendre des risques considérables.
Les risques sont multiples et le principal est celui d’être trahi par ceux-là mêmes qui le couvrent. « Dans le monde des trafiquants de drogue, il y a beaucoup de traîtres. Tenir bon avec autant de monde autour de soi, c’est prendre le risque de se faire bousculer.
« En fuite, il faut aussi se nourrir et on ne peut pas ouvrir la porte à un livreur de pizza : il nous faut donc des petites mains qui livreront à domicile et qui ne nous trahiront pas », et ça coûte cher», justifie le journaliste.
Son seul atout pour le moment : l’argent. » Il a un pécule», acquiesce Frédéric Ploquin. « Mais ce n’est pas inépuisable. »
Les tentations
Autre élément majeur à prendre en compte : les tentations. Beaucoup de grands fugitifs, « comme Antonio Ferrara », illustre Frédéric Ploquin, ont fini par s’effondrer.
(Chasser) le naturel, il prend le dessus (…) Antonio Ferrara, le roi de la course, nécessaire pour faire la fête a été vu dans une discothèque (à Saint-Raphaël, NDLR), en train de danser devant une table.
Les premiers défauts de Mohamed Amra sont sa mère et son fils. Leur rendra-t-il visite ? Rien n’est moins sûr. Les enquêteurs s’en assurent.
Déjà mort ?
Une autre hypothèse a été retenue par la police, à savoir que d’un enlèvement par ses pairs. Car Mohamed Amra n’avait pas que des amis, bien au contraire. Il est accusé de deux tentatives de meurtre.
« J’ai décortiqué les images (de l’attentat, NDLR) avec des vétérans du grand banditisme avec qui j’ai gardé des contacts », explique Frédéric Ploquin, « ils m’ont dit : ‘Ce n’est pas possible de ne pas être ce qu’on pense. »
En cavale depuis deux semaines, est-il possible qu’il soit encore en vie ? » S’il n’a pas déjà été descendu à la cave pour être torturé, il aurait pu être coulé dans le béton et si c’est ça, nous ne le trouverons jamais. »
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