le « HR killer » bientôt décidé de son sort
L’homme de 49 ans, rejugé depuis le 13 mai pour avoir abattu de sang-froid trois personnes et porté disparu sur une quatrième en janvier 2021, a catégoriquement refusé de comparaître devant le tribunal.
Gabriel Fortin, surnommé le « tueur des RH », devrait connaître son sort mardi ou mercredi au plus tard à l’issue d’un procès en appel demandé par lui mais auquel il a obstinément refusé de participer. L’homme de 49 ans est rejugé depuis le 13 mai par la cour d’assises de l’Isère pour une virée sanglante en janvier 2021 au cours de laquelle il avait abattu de sang-froid trois personnes et en avait raté une quatrième. Trois de ces victimes avaient été associées à ses licenciements par le passé et une quatrième travaillait dans une agence Pôle emploi à Valence qu’il avait fréquentée. Son acte avait été précédé d’une préparation minutieuse.
Il est apparu dès son premier procès que l’ex-ingénieur discret installé à Nancy, passionné de tir sportif et socialement isolé, vivait le chômage comme une injustice et ne supportait pas son déclassement social. Or, la quasi-totalité des débats de ces deux dernières semaines se sont déroulés devant une loge vide, les accusés refusant catégoriquement de s’expliquer et même de comparaître devant le tribunal. Tous les efforts du président pour le convaincre puis le forcer à rester dans la salle ont été vains. L’intéressé a multiplié les scandales pour l’éviter, se contentant d’affirmer qu’il laissait à ses avocats le soin de le représenter, n’ayant pour sa part pas « rien à dire ».
Cette attitude de défi a exaspéré certaines parties civiles qui ont fustigé son « lâcheté », tandis que d’autres s’en accommodent, estimant que cela avait en quelque sorte permis des débats plus apaisés. Présents à la barre tout au long de la journée de lundi, les avocats des victimes, des familles, des confrères mais aussi des entreprises – les assassinats ayant eu lieu sur ou à proximité des lieux de travail – ont dépeint dans leurs plaidoiries un homme « très dangereux », « en pleine possession de ses moyens »en utilisant « déteste le carburant » afin de réaliser une « Vengeance froide et implacable ».
En première instance, Gabriel Fortin a été condamné à la réclusion à perpétuité, assortie d’une peine à sécurité maximale de 22 ans. Les jurés ont estimé que des troubles psychologiques avaient altéré son discernement, sans appliquer de réduction de peine. Les parties civiles espèrent un verdict similaire à l’issue du procès en appel.
« Danger incurable »
Non seulement Gabriel Fortin n’a pas expliqué et encore moins regretté son geste, mais il refuse de se soumettre aux soins, ce qui le rend encore plus dangereux, ont argué les avocats des parties civiles, exposant le traumatisme et la situation. « peur » toujours en vie pour les victimes et leurs proches. Selon eux, le fait qu’une nouvelle expertise psychiatrique présentée au début du procès ait conclu que Fortin souffrait de « trouble de la personnalité paranoïaque » et que son discernement était « atténué » au moment de ses crimes ne change rien à la question. « L’altération (du discernement) est à la marge. Il pourrait choisir d’arrêter. Il avait son libre arbitre., a fait valoir Me Alexandre Farelly. Selon lui, « c’est un cas de vengeance narcissique » et la dangerosité de Fortin apparaît « incurable ».
« Son silence n’est que la justification de ses assassinats. La société doit se protéger. Nous demandons, sans haine ni faiblesse, d’éloigner définitivement et irrévocablement ce personnage de la société. »a plaidé de son côté Me Laurence Buisson, avocat de Bertrand Meichel, une seule des quatre personnes visées ayant réussi à lui échapper.
Les enquêteurs, qui ont parcouru les milliers de pages de notes manuscrites et informatiques retrouvées à son domicile, soupçonnent qu’il aurait pu s’en prendre à plusieurs autres personnes contre lesquelles il nourrissait également une forte rancune, dont un ex-flirt de l’époque lycéenne. « Tout le monde a peur »a insisté l’avocate d’Estelle Luce, première victime de Fortin, Me Sophie Pujol-Bainier : « Qui peut dire aujourd’hui que sa liste ne s’est pas allongée ?