« Nous, ce qu’on veut, c’est garder le même niveau de pouvoir d’achat »
Dans l’allée centrale de l’hypermarché de Brétigny-sur-Orge (Essonne), longue de plusieurs dizaines de rayons, les clients arrêtaient leurs chariots débordants de nourriture pour regarder passer un cortège inattendu. « Augmentez les salaires, augmentez les salaires ! » »», scandaient, vendredi 29 mars, une trentaine de salariés, frappant dans leurs mains dans un vacarme efficace. D’abord surpris, plusieurs clients applaudissent en rythme pour les encourager. « Nous sommes mal payés ! Nous sommes mal payés ! »clament, une heure plus tard, à 15 kilomètres de là, leurs confrères de l’hypermarché de Villebon-sur-Yvette (Essonne).
De telles grèves d’une heure ont eu lieu dans plus de 150 magasins Auchan en France, selon l’intersyndicale regroupant la CFTC, FO, la CGT et la CFDT, unies pour la première fois de l’histoire. d’Auchan. Les syndicats ont appelé à 3 000 à 5 000 grévistes (sur 59 000 salariés) pour cette troisième journée de protestation en un mois.
Les négociations annuelles obligatoires (NAO) viennent de se terminer sans accord, sur une décision unilatérale de la direction que les salariés considèrent « indécent » : + 1,5 % pour les salariés, + 1,2 % pour les cadres. « L’inflation était de 4,9 % en 2023. Donc ce que nous voulons, c’est 5 %, pour garder le même niveau de pouvoir d’achat. Aujourd’hui, le sentiment des salariés est qu’un salaire est de trois semaines et non d’un mois. »note Benoît Soibinet, délégué syndical FO à Brétigny-sur-Orge.
«C’était bien de travailler ici»
Auchan calcule différemment, en ajoutant le NAO de 2023 pour présenter une augmentation « cumulatif » de 8,1% pour les salariés (+ 6,6% en 2023 et + 1,5% en 2024). « Ces mesures sont au-delà de l’inflation sur la période, estimée à +6,4% »explique le groupe à Monde. Sauf que les syndicats considèrent que le NAO de 2023 n’avait pas pour but d’anticiper l’année à venir, mais de rattraper le niveau d’inflation de l’époque (à 5,9% sur un an en décembre 2022), qui pesait lourdement sur le pouvoir d’achat. des employés.
Pendant longtemps, ces derniers se sont sentis plutôt mieux lotis que leurs confrères de la grande distribution. « Quand je suis arrivé, il y a vingt-quatre ans, c’était bien de travailler ici : on avait plein de primes, on était bien payés »remarque un employé du rayon boucherie. « Il y avait la prime de progression trimestrielle basée sur le chiffre d’affaires, différentes primes individuelles… », énumère un de ses confrères, chez Auchan depuis 1991. « Et puis la participationajoute un autre, là depuis trente-deux ans. Certaines années, c’était plus d’un mois de salaire ! Cela a permis de faire des projets : acheter une voiture, faire des travaux chez soi… Mais il ne reste plus rien, les gens sont bloqués. »
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