A l’aéroport de Lorient, le mirage des avions de Maxime Ray
« Nous sommes venus une fois pour une photo et depuis, plus de nouvelles. » A l’image de cet édile du pays de Lorient, bon nombre d’élus, chefs d’entreprise de la région, et habitants s’étonnent de ne pas avoir de nouvelles des lignes de la société Millesime aviation, qui devait opérer des vols au départ de Lorient, et de l’homme d’affaires. Maxime Ray. « Rien. Il a disparu des radars », glisse une source.
En novembre 2022, l’homme d’affaires lorientais, qui gère des fonds d’investissement au Luxembourg, a frappé fort en annonçant l’achat d’un avion, puis d’un deuxième pour redémarrer l’aéroport de Lorient dont le tarmac prenait la poussière depuis le départ d’Air France. Son projet : s’appuyer d’abord sur des vols destinés aux pêcheurs de la Scapêche à Inverness, en Ecosse, et permettre au grand public d’acheter des billets pour compléter l’avion, « commercialisé au comptoir, par l’aéroport, à un prix compétitif pour découvrir les Highlands ». , au pied du Loch Ness », a vanté Maxime Ray dans nos colonnes. Il a également imaginé développer des liaisons vers Paris, Toulon, Lyon et, pourquoi pas, la montagne, en hiver. Un projet salué par le gestionnaire de l’aéroport Edeis qui tablait sur 114 000 passagers annuels à l’aéroport de Lorient.
« Nous n’avons pas réussi pour des raisons réglementaires »
On apprend aujourd’hui que la compagnie aérienne Millesime aviation, inscrite au greffe du tribunal de commerce de Bordeaux, a été placée en redressement judiciaire le 24 avril sans qu’aucun Lorientais n’ait mis les pieds dans un de ces avions pour aller faire du tourisme en Ecosse… Mais des vols ont été opérés. , notamment pour les équipes sportives.
« Il y avait une volonté de développer des vols commerciaux grand public mais nous n’y sommes pas parvenus pour des raisons réglementaires et douanières », explique Maxime Ray, propriétaire des avions via la société Lorizon Aircraft. L’un des deux ERJ 135 se trouve actuellement à Saint-Brieuc « en attente de location » et le second « dans un centre de maintenance » à Vilnius en Lituanie. Maxime Ray, via la société Lorizon Aircraft, est propriétaire des avions qu’il met à disposition. Le chef d’entreprise ne veut pas trop en dire mais il explique être « en discussion avec trois opérateurs pour réaffecter les avions ». Selon nos informations, la Scapêche ne vole plus avec les avions Lorizon Aircraft.
On l’a vu arriver avec beaucoup d’ambition et d’argent mais plus de son, plus d’image.
Des projets délocalisés dans le Finistère ?
Maxime Ray avait de grandes ambitions pour l’aéroport de Lorient. Il souhaitait y implanter un centre de maintenance pour la maintenance de ses deux avions, mais aussi d’autres machines appartenant à d’autres compagnies, misant sur le succès des « centres de maintenance rezonés ». Mais cela ne se fera pas à Lorient. « Pour un centre de maintenance, il faut un certain nombre d’infrastructures et d’autorisations à obtenir. C’est une belle opportunité d’avoir des militaires mais l’autre inconvénient, pour le développement, ce sont les contraintes administratives », explique Maxime Ray. Des contraintes qu’il n’ignorait pas au début du projet. « Oui, nous le savions, mais des autorisations peuvent être obtenues. » Maxime Ray ne cache pas qu’il étudie d’autres avenues pour son centre de maintenance. Autre part. Les acteurs locaux assurent qu’elle « est très présente dans le Finistère. On l’a beaucoup vu ici, maintenant ils le voient beaucoup dans le 29 mais on n’a pas vu les avions», déplore un acteur local.
«Le Bernard Tapie local»
Les projets avortés de l’entrepreneur lorientais sont tendus. «C’était un projet très attractif. Sérieux. Elle présentait des garanties intéressantes. La ligne Lorient-Lyon était bien avancée. On était certain de faire le plein à l’aller, on a dû faire le plein au retour mais ça semblait bien avancé», relate un proche du dossier. « On l’a vu arriver avec beaucoup d’ambition et d’argent mais plus de son, plus d’image », regrette un autre, échauffé. Sa personnalité pose question. Plusieurs sources n’hésitent pas à le comparer à l’un des hommes d’affaires français les plus célèbres – et controversés. « C’est le Bernard Tapie du coin, il achète des cartons et les revend deux fois plus cher six mois plus tard. » « Il a toujours une longueur d’avance », dit un autre.
Qu’en est-il de l’aéroport de Lorient ?
Les lignes vers Lyon, Paris, Toulon, la montagne sont-elles déjà condamnées avant même de voir le jour ? « Cela dépendra de l’opérateur qui prendra le relais », répond Maxime Ray. L’objectif est que cela soit résolu rapidement. En tant que propriétaire d’avion, nous souhaitons que ce problème soit résolu de manière durable. » En décembre dernier, il a créé une nouvelle société Eoline, une agence de voyages pour développer l’aspect commercial. « C’est le vrai problème, le marketing. Nous n’avons pas trouvé d’accord », affirme le quadragénaire pour justifier l’échec de Millésime.
Si les projets de Maxime Ray semblent se dessiner ailleurs qu’à Lorient, il pense que l’aéroport de Ploemeur a encore une carte à jouer. « Il faut être capable de se positionner sur un secteur aéronautique de niche. Il y a des grands hubs nationaux, des hubs régionaux capables d’attirer le low cost, il y a des diagonales à faire. Nous devons compter sur les entreprises. Des entreprises qui désespèrent de voir un jour l’aéroport redécoller.
*Nous n’avons pas pu joindre Philippe Canaba, actionnaire majoritaire de Millesime Aviation.