Taxation des rentes : ultrariches ou simples épargnants, de quels types de rentiers parle Gabriel Attal ?
C’est un sujet explosif, mais aussi très complexe. En évoquant la taxation des rentes, le gouvernement a semé la confusion et généré la peur. Ce mercredi 3 avril, Gabriel Attal a tenu à mettre les choses au clair, rappelant que les « Français qui travaillent » ne seraient pas visés. Qui pourrait alors être concerné ?
L’annonce a fait l’effet d’une bombe, malgré le flou qui l’entoure encore. En réunion de groupe à l’Assemblée nationale ce mardi 2 avril, le Premier ministre a annoncé son intention de confier à la majorité une mission chargée de la faire « par Juin » des offres « sur la fiscalité des rentes ».
Rapidement accusé de vouloir s’en prendre aux épargnants, le gouvernement a dû éteindre l’incendie en veillant à ce que l’idée Il ne s’agissait pas d’augmenter les impôts mais plutôt de s’attaquer aux « superprofits ». Mercredi 3 avril, dans le cadre des questions au gouvernement à l’Assemblée, le Premier ministre a apporté quelques précisions.
Pour lui, l’exécutif parle de taxer « rentes inframarginales des entreprises énergétiques ou profits indus liés à la spéculation dans un contexte d’inflation » et « ne pas aller chercher, comme je peux le lire ici et là, le Livret A ou l’épargne des Français ». « Nous ne nous attaquerons jamais aux Français qui travaillent », a-t-il insisté.
Les super profits des sociétés énergétiques
Les loyers inframarginaux des entreprises énergétiques, évoqués par le Premier ministre, sont déjà taxés en France. Selon un député de la majorité cité par le Figaroqui devrait participer à la « task force » parlementaire qui doit se réunir sur ce sujet, « Les propositions visant à durcir la criminalité, un impôt qui n’apporte pas le rendement escompté, seront au cœur des discussions ».
Le Crim est la contribution sur les rentes infra-marginales. Elle a été mise en place grâce à une mesure européenne adoptée après le début de la guerre en Ukraine. Décidé d’abord pour l’année 2023, il a été renouvelé en 2024 mais fait l’objet de critiques. Vendredi, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a déploré que cette taxe n’ait pas rapporté « seulement 300 millions d’euros, soit dix fois moins que ce qui était prévu et anticipé.
Autoroutes, laboratoires…
D’autres « rentes » pourraient être ciblées par le gouvernement. Selon Le Figaro, il s’agirait de rétablir ou de durcir certaines règles déjà mises en place à un moment donné par l’exécutif, comme celle mise en place pour les laboratoires dans le cadre de la crise du Covid ou la taxe mise en place par le gouvernement pour prendre super profits des compagnies routières cette année.
Autres pistes pour taxer les rentes ?
En amont de toute proposition concrète, le flou règne encore sur la notion de « fiscalité des rentes » sur laquelle devrait se pencher la task force dirigée par Thomas Cazenave.
Le Monde a interrogé des sources élyséennes pour tenter de s’expliquer. « L’esprit ici est plutôt celui des rentes exceptionnelles. Nous tenons toujours la même ligne, le mix fiscal qui a permis de créer deux millions d’emplois et de rompre avec des décennies de désindustrialisation en rouvrant des usines.nous ne faisons que répondre.
D’autres rentes sont-elles en ligne de mire, comme les revenus fonciers et les dividendes ? La limite est fixée pour l’heure par le gouvernement : « La première ligne rouge, ce n’est pas d’augmenter les impôts sur les classes moyennes, sur les Français qui travaillent ou sur les Français qui ont travaillé toute leur vie. Deuxièmement, je n’augmenterai pas les impôts pour ce qui contribue à financer le travail des Français, c’est-à-dire les entreprises. »indiquait Gabriel Attal sur TF1 le 27 mars.