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L’Ukraine menacée par un nouveau front

Bombardements russes sur des positions de l'armée ukrainienne, à proximité de la forêt de Serebriansky, aux environs de Lyman (Ukraine), dans le Donbass, le 4 mai 2024.

Volodymyr Zelensky se veut rassurant. « On garde le contrôle partout », a déclaré le président ukrainien dans un message vidéo diffusé lundi 20 mai à l’issue d’un entretien avec ses collaborateurs. Toutefois, l’inquiétude persiste dans le camp occidental après que la Russie a ouvert un nouveau front dans le nord-est de l’Ukraine. Depuis le franchissement de la frontière séparant les deux pays le 10 mai, les forces russes ont conquis un peu plus de 150 km2 du territoire dans la région de Kharkiv. En dix jours, une dizaine de villages et hameaux ont été pris et plus de 14 000 habitants ont dû être évacués de la zone des combats, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

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Pour les analystes occidentaux, cette ouverture d’un nouveau front a été mûrement réfléchie par le Kremlin. Depuis des mois, les Russes piétinent le Donbass. En un an, les seules villes significatives conquises par les forces moscovites furent Bakhmout, en mai 2023, et Avdiïvka, en février, au prix à chaque fois de lourdes pertes. Pourtant, le président russe Vladimir Poutine a fait de la conquête totale du Donbass, partiellement occupé depuis 2014, son principal objectif de guerre depuis l’échec de « l’opération militaire spéciale » qui devait prendre le contrôle de l’Ukraine. dans quelques semaines.

En ouvrant un nouveau front dans le nord de l’Ukraine, les Russes font le pari que les Ukrainiens, épuisés par plus de deux ans de guerre, n’auront pas la capacité de tenir leurs positions dans toute la zone de conflit, longue de quelque 1 000 km. « En franchissant la frontière à cet endroit, les Russes étendent la ligne de combat et obligent les Ukrainiens à procéder à des transferts latéraux de troupes, ce qui peut affaiblir leurs positions ailleurs, à l’est ou au sud du pays. »explique Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’Institut d’études de stratégie et de défense.

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En effet, la conquête de Kharkiv, deuxième ville la plus peuplée d’Ukraine (elle comptait 1,4 million d’habitants avant la guerre), semble hors de portée des Russes, même si leurs unités les plus avancées ne se trouvent qu’à 30 km de la ville. «Mais ce n’est pas leur objectif. Ce que veulent les Russes, c’est forcer les Ukrainiens à déplacer dans la région leurs meilleures brigades mécanisées, celles qui tiennent le front dans le Donbass.explique Stéphane Audrand, consultant international en risques et officier de réserve, qui voit dans cette tactique  » une leçon «  pour l’armée française : « Les Russes montrent qu’il suffit d’envoyer des conscrits mal entraînés et dotés de mauvaises armes pour progresser. La masse compte ! »

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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