FC Lorient : un modèle économique à bout de souffle ?
« C’est un échec monumental pour le club », a tonné Loïc Féry dimanche soir. Le FC Lorient, qui affichait en début de saison pour la première fois depuis longtemps l’espoir de ne pas éviter une descente, s’est trompé. Et direction une petite catastrophe industrielle. Le club parviendra-t-il à se relever ?
On peut en tout cas s’interroger sur la pertinence d’un modèle économique qui, à chaque mercato, peut remettre en cause l’équilibre fragile d’un groupe dont le niveau de performance dépend souvent de minutieux détails. Et qui en cas de vente(s) importante(s) oblige à une reconstruction encore et toujours risquée.
En danger à chaque saison
Le FC Lorient est désormais soumis à ce risque quasiment chaque saison. Et cette fois, après s’être séparé en août 2022 de Laurienté (10 millions d’euros) d’abord – et même de Koné (7,5 millions d’euros) -, puis en janvier 2023 de Ouattara (22 millions d’euros) et Moffi (25 millions d’euros) et enfin Le Fée (20 M€) et Méïté (8 M€ ?) à l’été 2023, le coup n’est pas passé. Comme ce fut le cas en 2016-2017 après les ventes alors records (en août 2016) de deux piliers du groupe lorientais de l’époque, Ndong (20 M€) et Guerreiro (12 M€)…
Dimanche, le président, lui aussi ému et en colère, a immédiatement évoqué les lourds investissements qui ont suivi ces départs. « Je vois juste que nous avons investi 80 millions en transferts depuis janvier 2023. » En effet, environ 60 millions ont été dépensés en transferts auxquels il faut ajouter les primes à la signature, notamment celles des joueurs libres (Bakayoko, Mendy), les rémunérations des agents… Mais entre valeurs sûres, les moteurs et piliers du collectif en place et leurs remplaçants. dont l’intégration humaine et technique comporte nécessairement une part d’incertitude, le risque est majeur ! Et maintenir le niveau de jeu relève parfois du miracle pour le staff en place.
Un modèle généralisé en Ligue 1… mais peu appliqué à Brest
Ce modèle économique adopté par la majorité des clubs de Ligue 1 en raison d’un déficit structurel quasi perpétuel (plus de 20 M€ dans le cas du FCL) est-il inévitable ? Le voisin finistérien – le Stade Brestois -, moins porté sur le trading, même s’il est lui aussi régulièrement contraint de laisser s’envoler certains de ses meilleurs éléments vers d’autres horizons plus rémunérateurs, semble attester qu’il n’en est rien.
A l’inverse, lorsque l’asservissement d’un club ou la multipropriété – qui a jusqu’ici servi plutôt que nui au FC Lorient (prêt de Faivre par Bournemouth alors que le président du club anglais détient désormais 40% du FCL) – se conjugue à ce modèle. érigé en leitmotiv, il peut devenir incontrôlable. Comme Troyes, qui est passé de la Ligue 1 au National en deux saisons, perdant son identité première…
Les soldes : une nécessité mais pas un fil conducteur ?
Le Lorientais Jocelyn Gourvennec exprimait un avis très tranché dans nos colonnes en 2020. « Pour moi, ça ne peut pas être un modèle. C’est ignorer l’histoire d’un club, se moquer des supporters. Vendre des joueurs est une nécessité économique mais cela ne peut pas être un fil conducteur. C’est antisportif. »
Peut-être contraint par l’impact économique du covid-19 (avec prêt PGE à rembourser etc.), le FC Lorient, qui n’a finalement jamais fait mieux qu’en 2010 (7e de Ligue 1) lors de la première saison avec Loïc Féry aux commandes, a-t-il allé trop loin ?
Quoi qu’il en soit, outre ses soucis internes, comme d’autres clubs français, le FC Lorient, pour continuer d’exister sur la scène nationale, devra certainement intégrer dans l’équation une baisse importante (divisée par deux ?) des droits TV… Serait-il temps de revoir un peu le modèle et d’avoir comme préoccupation première chaque saison de constituer la meilleure équipe possible ?
Le trading consiste à recruter de nombreux jeunes footballeurs à fort potentiel, dans le but de les faire progresser rapidement afin de les revendre bien plus cher après une ou deux saisons au plus haut niveau.