Moscou a lancé mardi des exercices militaires impliquant des armes nucléaires tactiques près de l’Ukraine.Avec cette opération, la Russie affirme répondre aux « menaces » des pays occidentaux.
Suivez la couverture complète
Plus de deux ans de guerre en Ukraine
Exercices militaires majeurs près de la frontière ukrainienne. L’armée russe a annoncé mardi avoir lancé une opération impliquant des armes nucléaires tactiques dans la Région militaire Sud, basée près de l’Ukraine et qui couvre des régions ukrainiennes que Moscou prétend annexer. « La première étape des exercices (…) sur la préparation et l’utilisation d’armes nucléaires non stratégiques a commencé« , a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
Ces armes dites tactiques sont des technologies à courte portée. Mais il s’agit toujours de bombes d’une puissance bien supérieure à celles larguées par les États-Unis sur Hiroshima ou Nagasaki en 1945. Si de nombreux pays occidentaux assurent aujourd’hui officiellement ne plus posséder ce type d’arme, Moscou en revendique à l’inverse la possession.
Ainsi, ces armes stratégiques représentent actuellement 2 000 ogives sur les 6 000 présentes dans l’arsenal nucléaire russe.
Missiles aéronautiques et longue portée
Concrètement, comment se concrétisent ces exercices ? Selon le ministère russe de la Défense, les soldats russes s’entraînent pour charger « munitions spéciales« dans les batteries de missiles à longue portée Iskander, mais aussi pour les déplacer »de manière dissimulée » sur les zones de tir. Cette opération à grande échelle impliquerait également des missiles aériens et hypersoniques Kinjal. Habituellement, ces missiles « se positionnent notamment à Kaliningrad« , dans l’ouest de la Russie, explique Pierre Servent, chroniqueur géopolitique sur LCI. « Ils ont un double objectif, poursuit le spécialiste. Ils peuvent tirer aussi bien des missiles conventionnels, ne contenant aucune charge nucléaire, que des charges nucléaires.«
Ces exercices interviennent quelques semaines après les déclarations de Vladimir Poutine, qui avait annoncé le 6 mai la tenue prochaine d’une opération spéciale de ce type. Aujourd’hui, le ministère russe de la Défense a réaffirmé la volonté de la Russie d’agir « en réponse (…) aux menaces de certains responsables occidentaux« . »L’exercice en cours vise à maintenir l’état de préparation du personnel et des équipements (…) pour l’utilisation d’armes nucléaires non stratégiques pour répondre » à ce genre de propos, prévient Moscou dans un communiqué. Parmi les positions critiquées par les autorités russes : la sortie d’Emmanuel Macron, qui avait rappelé la possibilité d’un éventuel envoi de troupes terrestres en Ukraine, avant de nuancer sa position.
« Un geste » de la part des Russes ?
Faut-il s’inquiéter de ces mouvements, localisés à faible distance du territoire ukrainien ? En réalité, des exercices militaires de ce type sont régulièrement menés par différentes armées, y compris celles des démocraties. Ici, la communication du Kremlin sur les actions de son armée semble s’apparenter à «mise en scène« des Russes, selon Pierre Servent. »On est dans un geste assez classique du côté russe, qui consiste à faire peur à l’Occident.« , analyse l’expert en stratégie militaire, toujours sur le plateau de LCI.
Lire aussi
DOCUMENT LCI – « Cette stratégie Poutine est un échec » : à Vovchansk avec des militaires ukrainiens
Depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, le président Vladimir Poutine souffle le chaud et le froid sur un éventuel recours à l’arme nucléaire. La Russie a déployé des armes nucléaires tactiques à l’été 2023 en Biélorussie, son plus proche allié, qui a également annoncé en mai un exercice synchronisé avec Moscou pour vérifier ses lanceurs d’armes nucléaires tactiques.
