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cent ans plus tard, l’héritage des Jeux précurseurs de Paris 1924

Village olympique, lever de drapeau, forte présence médiatique… La 8e édition des Jeux Olympiques a vu naître des éléments désormais centraux du cérémonial de l’événement mondial.

France Télévisions – Éditorial Sport

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Le comte de Clary lors du discours d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 1924, le 5 juillet. (ARCHIVES CNOSF / AFP)

Certaines éditions olympiques ont marqué l’histoire par leurs performances sportives, leur contexte historique ou encore leur actualité dramatique. Les Jeux Olympiques de Paris de 1924 restent dans la postérité car y sont nées plusieurs traditions notables qui n’ont jamais disparu depuis.

Accueillir le monde au village olympique

Aujourd’hui au centre des préoccupations des organisateurs, le concept de village olympique apparaît aux Jeux Olympiques de 1924. Le procès-verbal de cette édition précise que la commission exécutive du Comité International Olympique (CIO) a adopté en avril 1923 le principe selon lequel le comité d’organisation (Cojo) doit offrir le gîte et le couvert aux athlètes, dont les frais sont à la charge de les nations participantes.

« Le Comte de Clary, président du Cojo Français, fut à l’initiative de cette idée, puis acceptée par le CIO, précise Cyril Polycarpe, historien et maître de conférences à l’Université de Franche-Comté. C’était une révolution parce qu’avant Première Guerre mondiale, il y avait moins de nations présentes aux Jeux Olympiques que d’individus financièrement capables de voyager. » Auparavant, les athlètes vivaient « à l’hôtel ou chez des particuliers », rappelle Patrick Clastres, spécialiste de l’histoire du sport et des Jeux olympiques et professeur à l’Université de Lausanne.

En 1924, la société française Cojo délègue la commercialisation des lits à une société qui traite directement avec les délégations. Le copieux rapport indique qu’un lit coûte, par jour et par personne, 30 francs, et la pension (lingerie, nourriture, douches, électricité, etc.) 25 francs.

Vue du village olympique, situé à Colombes, pour les Jeux de Paris de 1924.  (ARCHIVES CNOSF/AFP)

Construit en bordure du terrain olympique de Colombes, le village olympique – à la durée de vie éphémère, contrairement à aujourd’hui – était composé d’une soixantaine de casernes en bois. Chaque maison se composait de chambres meublées avec trois lits. Le village était également équipé d’éviers avec eau courante, de douches et de salles de restaurant où trois repas quotidiens étaient proposés (vin rouge ou blanc compris !). Mais aussi un kiosque à journaux, un salon de coiffure, un bureau de change, un service de blanchisserie…

Malgré tous ces services, le confort reste basique. Certaines délégations ont donc choisi de résider ailleurs, à leurs frais ou à ceux de leur nation. Une réalité toujours présente cent ans plus tard. « Les délégations restées au village étaient celles qui avaient le moins de moyens », » éclaire Cyril Polycarpe. « Les Américains ont été hébergés au château de Rocquencourt, dans les Yvelines, grâce à un bienfaiteur français. » illustre Patrick Clastres. La centaine de femmes qualifiées, quant à elles, n’avaient pas accès au village.

Une levée de drapeaux symbole de continuité

Autre innovation des Jeux de 1924 : la cérémonie de clôture donne lieu au lever de trois drapeaux aux côtés de l’étendard olympique : les bannières grecque, française et néerlandaise. « L’histoire des Jeux modernes et leur séquence est symboliquement retracée : la Grèce, qui fut le berceau de leur restauration ; La France, qui vient de célébrer l’Olympiade, et la Hollande, qui perpétueront la tradition en célébrant la prochaine. décrypte le rapport officiel. Pour Cyril Polycarpe, cette levée de drapeaux permet de « établir une continuité historique, pour montrer que quels que soient les événements internationaux, les Jeux olympiques modernes continuent. C’est la première fois qu’apparaît cette notion de continuité ».

Maurice Quentin, président du conseil municipal de Paris, reçoit le drapeau olympique des mains du bourgmestre d'Anvers le 27 juillet 1924, lors de la cérémonie de clôture.  (ARCHIVES CNOSF/AFP)

Par ailleurs, tout comme lors de la cérémonie de clôture des Jeux d’Anvers en 1920, le drapeau olympique fut symboliquement remis par le président du CIO au président du conseil municipal de Paris afin que celui-ci puisse conserver le tissu de soie jusqu’en 1928, date à laquelle il l’a présenté au maire d’Amsterdam, prochaine ville à accueillir les Jeux.

Un événement médiatique

Les Jeux de Paris 1924 sont ceux de la croissance. Outre le nombre d’athlètes (environ 3 000), la présence des journalistes s’est considérablement accrue lors de cette édition. Plus de 1 000 d’entre eux ont fait le déplacement. « Paris 1924 donne lieu à la première couverture radiophonique des Jeux olympiques. Nous y avons vu la première tribune de la presse, se souvient Patrick Clastres. Le Cojo s’était également réservé le monopole de la prise d’images et de vidéos. Il les revendait à des publications étrangères.

Afin de permettre aux spectateurs de suivre clairement les événements du stade, et donc les annonces, des haut-parleurs sont également installés pour la première fois. Autre technologie mise en œuvre : la téléphonie sans fil. « L’armée avait mis à disposition ses radios pour suivre le marathon », » précise Patrick Clastres, pour que le public présent dans le stade puisse suivre les événements de la course, retransmis par les haut-parleurs de l’enceinte.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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