Lyon : on vous explique l’affaire qui secoue Grégory Doucet et la mairie
Par
Nicolas Zaugra
Publié le
; mis à jour le 15 mai 2024 à 11h38
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Acte d’autorité ou coup dans le pied ? Le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet a limogé son adjointe à la Culture Nathalie Perrin-Gilbert après plusieurs désaccords politiques.
En se séparant de l’ancien maire du 1er arrondissement, Grégory Doucet, déjà candidat à sa réélection en 2026, a pris une décision radicale ce qui provoque beaucoup de troubles dans l’enceinte de la Mairie.
Nathalie Perrin-Gilbert démise de ses fonctions d’assistante culturelle
Le maire a pris cette décision « une semaine après les déclarations de Nathalie Perrin-Gilbert (NPG) » sur la crise actuelle au Conservatoire de Lyon qu’elle présidait. Grégory Doucet « a beaucoup consulté en interne et en externe et n’a pas voulu réagir rapidement », glisse-t-on dans l’entourage du premier magistrat.
Pour justifier le retrait de ses fonctions de députée à la culture du NPG, l’entourage municipal affirme qu’elle « s’est retirée de la majorité ». Selon nos informations, les écologistes lui reprochent des « fuites de documents internes », des « attaques frontales et publiques » et des « comportements individuels ».
Un appel téléphonique de rupture rapide
Selon les informations deactualités Lyon, Grégory Doucet a appelé ce lundi son adjointe lors d’un bref appel téléphonique pour lui dire qu’elle ne sera plus son adjointe à la Culture. « Mais cela ne remet pas en cause l’accord électoral de 2020 signé avec les socialistes et le mouvement Lyon en commun », représenté par Nathalie Perrin Gilbert, assure l’entourage du maire.
A la Mairie, on assure que « la confiance est rompue » entre les deux élus. Selon nos informations, le travail concret sur les dossiers était devenu très difficile entre Nathalie Perron-Gilbert et d’autres élus ou membres de l’administration.
Nathalie-Perrin Gilbert « n’a plus confiance dans les écologistes pour gérer la ville »
Contactée par actu Lyon, Nathalie-Perrin Gilbert ne nous a pas répondu pour réagir à son licenciement. « Je n’avais moi-même plus confiance depuis un certain temps. J’ai posé les bases d’une politique culturelle ouverte et cohérente que nous avions définie ensemble. Cet épisode est le résultat d’un calcul électoral. J’ai été désavoué de manière instrumentalisée », a confié l’élu. officiel au Monde.
« Cela faisait longtemps que je n’avais plus confiance dans les écologistes pour gérer la ville dans l’intérêt général et le bien commun », a-t-elle déclaré lundi au Progrès.
Musée Guimet, crise au Conservatoire, critiques du public…
Pour Grégory Doucet, le nombre de dossiers où son adjoint à la culture n’était pas d’accord commençait à s’accumuler. La goutte qui a fait déborder le vase a été celle de direction du Conservatoire de Lyon (2 300 étudiants, 280 salariés). Afin de ne pas paraître affaibli ou dépassé par les positions de Nathalie Perrin-Gilbert, il a préféré le limogeage.
Soupçons d’agression sexuelle, « gestion toxique », budget compliqué ou encore arrêts maladie à répétition : au sein du Conservatoire, la démission du président du Conseil d’administration a mis en lumière de graves tensions entre les élus écologistes et socialistes et Nathalie-Perrin Gilbert.
« Deux enquêtes sont en cours à ce sujet, un rapport de l’Inspection du travail a tiré l’alarme et sa direction est mise en cause », glisse-t-on en coulisses à la mairie…
Il y a aussi la question sensible de l’avenir du musée Guimet qui explique ce divorce. « Il laisse des traces, c’est sûr », confirme l’entourage de Grégory Doucet. Très récemment, l’assistante a évoqué la tenue d’une exposition événement avec le Centre Pompidou lors d’un entretien accordé à actualités Lyon. Le recadrage public de l’exécutif municipal ne s’est pas fait attendre.
Dans la Métropole de Lyon, les désaccords avec les écologistes ne manquent pas non plus et pourraient bien s’intensifier : gratuité des transports en commun, prise en charge des mineurs non accompagnés, création d’une nouvelle chaufferie urbaine biomasse à Saint-Genis-Laval, « privatisation de la culture » …
L’opposition s’en régale, les élections municipales 2026 en ligne de mire
A la mairie, on assure que « les élections élections municipales de 2026 ne sont pas du tout d’actualité, il reste encore deux années de travail. Mais la gauche pourrait bien repartir divisée au premier tour et un accord au second tour s’annonce difficile dans un contexte de fortes tensions.
Une situation qui réjouit en tout cas l’opposition municipale. « L’image du maire est écornée, cela va lui coller comme un acte d’autorité », estime Georges Képénékian, ancien maire de Lyon. Pierre Oliver, maire LR du 2e arrondissement, dénonce « l’autoritarisme » de Grégory Doucet. Le groupe de droite et du centre qu’il préside au conseil municipal estime que « le Nupes local est en train d’exploser ».
Quel avenir pour Nathalie Perrin-Gilbert et qui pour la remplacer ?
Que va devenir l’ancienne adjointe à la culture ? Elle demeurera conseillère municipale et métropolitaine. Dans la majorité ou dans l’opposition ? Et sera-t-elle candidat aux élections municipales de 2026 ? Autant de questions sans réponse pour le moment.
Grégory Doucet a en tout cas commencé à travailler pour trouver un nouvel adjoint à la Culture. « Tout est ouvert », précise-t-on à la mairie. « C’est une décision du maire qui se laisse le temps d’y travailler. »
L’arrêté municipal relatif au retrait de la délégation Nathalie-Perrin-Gilbert a été transmis à la préfecture. La décision doit encore être votée par le conseil municipal, probablement fin mai.
Audrey Hénocque, première adjointe, pourrait prendre le relais. Elle est déjà en charge de grands événements. D’ailleurs, elle n’a pas retenu ses coups pour recadrer son collègue en avril sur le dossier du musée Guimet…
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