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divers/Justice – « Personnalité complexe », « radicalité inquiétante »… le profil de Cathy la maton examinée au procès du double assassinat de Bastia-Poretta

Sa parole était attendue. Cathy Châtelain, 48 ans, n’a cependant pas dit grand-chose. Elle révéla néanmoins, après un silence évocateur, « comportement inapproprié et malsain avec les enfants » de son beau-père, suggérant au moins une agression sexuelle.

Cathy Chatelain, qui aurait été chargée de décrire physiquement Jean-Luc Codaccioni à son meurtrier, le 5 décembre 2017 à l’aéroport de Bastia Porettaavant, enfin, de l’embrasser suite à sa rencontre fortuite avec Antoine Quilichini, une autre victime de ce double assassinat, a comparu devant le Cour d’assises des Bouches-du-Rhône aux côtés de treize autres personnes depuis le 6 mai et jusqu’au 5 juillet.

« Il ne faut pas la juger uniquement sur cette erreur »

Avec ses bras tendus devant elle, sur lesquels on peut voir de nombreux tatouages, l’accusée aux longs cheveux bruns et au visage anguleux effleure à peine son enfance. Les aléas de la technologie, notamment une connexion impossible avec l’expert psychiatre, retardent son interrogatoire. Celle qui affirme avoir manqué de figure paternelle dans son enfance, change de place pour la quitter Jacques Mariani. Les avocats suivent le mouvement et les allées et venues, qu’ils tentent d’organiser discrètement, se succèdent. Ils slaloment entre les tables croulantes sous les volumes rouges qui contiennent des centaines de dossiers, eux-mêmes pléthoriques de milliers de fiches de procédure.

Avant de céder sa place, la présidente de la cour d’assises interroge Cathy Chatelain sur son choix de briguer un poste en Corse en 2014.Alors que j’étais à la prison de La Santé, mon aîné a été harcelé physiquement et moralement au collège. A la Santé, je me suis lié d’amitié avec un détenu corse qui m’a dit qu’en Corse, l’enfant est roi, qu’il n’y aurait pas de problèmes. C’est pour mon fils que je n’ai demandé que Borgo »contextualise la seule des trois femmes de ce procès à apparaître incarcérée.

Dans une transition qui n’aurait pas été plus douce si elle avait été orchestrée, le président Jean-Yves Martorano interrompt l’accusé : « C’est là, on peut l’écouter ». Le fils aîné apparaît à l’écran en visioconférence. « Il ne faut pas la juger uniquement sur cette erreur, alors qu’on a eu une vie exemplaire »plaide le fils. « Merci mon coeur », chuchote Cathy Chatelain, tandis que l’écran s’éteint.

L’avocat général, Yvon Calvet, revient sur ce soi-disant parcours « copie ». « Lors de vos précédentes missions, avez-vous eu des incidents ?interroge le représentant du parquet. « Oui, j’étais accusé d’avoir une relation amoureuse avec un détenu, mais c’était une rumeur », » partage Cathy Chatelain, balayant cet épisode. « Vous n’auriez pas introduit le téléphone ?poursuit l’avocat général. « À Borgo, oui »assume l’accusé. « Mais pas avant ? »relance Yvon Calvet. « Non »assure fermement le quadragénaire.

Mot d’experts

Les experts psychologues et psychiatres qui ont rendu leur rapport, par visioconférence, ont davantage parlé de Cathy Chatelain que d’elle-même. Le premier évoque une personnalité « complexe », « une radicalité inquiétante », « un mouvement appelé contrôle, une identification à un maître ». Il souligne une absence « autocritique » : « Le sujet croit être la dernière boucle du cercle ». L’expert illustre son analyse par des phrases prononcées par Cathy Chatelain lors de leur entretien : « Tony (Quilichini, ndlr)J’ai beaucoup participé à sa mort, je l’aimais bien, mais c’était mon clan ou lui ». Dans le box, Cathy Chatelain semble écouter d’une oreille.

Le tribunal et le parquet ne se sont pas concentrés sur ce thème, celui de l’appartenance, lorsqu’ils ont posé des questions aux accusés.

A-t-elle peur des représailles ? L’expert psychiatre affirme qu’elle lui a confié « qu’elle s’en voulait. »

A-t-elle agi sous la contrainte ? Sa défense pose la question. « Si dans quelques semaines j’affirme qu’on ne peut pas exclure totalement la contrainte, aurais-je raison ? » se soumet à l’expert psychiatre Me Renaud Portejoie.

En vidéo, l’expert grimace. «Je mets une mise en garde. Surtout parce que vous me dites qu’il n’y a eu aucune menace physique. Il concède un « une contrainte psychologique partielle »sans pouvoir affiner l’intensité de cette dernière, faute d’informations sur les relations qu’elle aurait pu entretenir avec ses coaccusés.

Les compagnons de Christophe et Richard Guazzelli au moment des faits seront entendus ce mardi 14 mai.

Cammile Bussière

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