Rafah, un verrou stratégique au cœur du conflit israélo-palestinien
Porte du Levant, au carrefour des empires, Rafah a vu défiler les conquérants : le pharaon Thoutmosis III, Napoléon Bonaparte, le général britannique Edmund Allenby, etc. Le mardi 7 mai, les chars de l’armée israélienne sont revenus et ont saisi le terminal frontalier avec l’Egypte. Retour sur l’histoire mouvementée d’une ville qui a joué un rôle clé dans le conflit israélo-palestinien depuis 1948.
1906 : la démarcation entre la Palestine ottomane et l’Égypte sous domination britannique
La frontière entre l’Égypte et la Palestine remonte à 1906. Le 1euh En octobre de la même année, les représentants de Londres et de la Sublime Porte, puissances tutélaires de ces deux territoires, signent un accord de démarcation. La séparation entre la province ottomane de Palestine et l’Égypte, sous tutelle britannique, s’étend de Rafah, sur la mer Méditerranée, jusqu’à Taba, sur la mer Rouge.
Sur le papier, Rafah se retrouve coupée en deux, mais les tribus bédouines conservent la possibilité de nomadiser de part et d’autre. La conquête de la Palestine par les forces de Sa Majesté en 1917, au prix de très violents combats à Gaza, a accru le caractère artificiel de cette frontière, simple ligne dans le sable.
1948 : un point de passage depuis l’Egypte nassérienne
Lors de la première guerre israélo-arabe de 1948, suite au retrait britannique de Palestine et à la déclaration d’indépendance de l’État juif, la région de Gaza fut le dernier lieu de résistance aux forces sionistes. Sous la pression de Londres et de Washington, David Ben Gourion, le père fondateur du jeune État juif, a renoncé à attaquer cette zone défendue par les troupes égyptiennes.
Le contingent, qui comprenait un officier promis à un bel avenir, Gamal Abdel Nasser, s’est replié vers le Caire, via Rafah. L’armistice israélo-égyptien du 7 janvier 1949 donne naissance à la bande de Gaza, un étroit territoire côtier, peuplé de 80 000 habitants et 200 000 réfugiés. Le régime égyptien, qui refuse d’y étendre sa souveraineté, en devient l’administrateur par défaut. Pour les gouverneurs de Gaza, venus du Caire, où Nasser a pris le pouvoir en 1954, Rafah était le point de passage obligatoire.
1967 : une étape importante entre deux territoires occupés
Le 5 juin 1967, début de la guerre dite des Six Jours, il n’a fallu que quelques heures à l’armée israélienne pour prendre le contrôle du sud de la bande de Gaza. A la fin de cette journée, la septième division de l’armée égyptienne, déployée autour de Rafah, est mise en déroute. Les 60 kilomètres de route entre El-Arich, dans le Sinaï, et Khan Younes, sont jonchés de corps de soldats. La guerre s’est terminée le 10 juin par une victoire éclatante de l’État juif qui, outre la bande de Gaza, a conquis la Cisjordanie, le Golan syrien et la péninsule du Sinaï.
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