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à genoux, les yeux bandés, les mains enchaînées… des lanceurs d’alerte israéliens dénoncent les conditions de détention des prisonniers palestiniens

Dans un long article publié vendredi, la chaîne américaine CNN dévoile photos et témoignages. Des informations qui corroborent des récits déjà collectés par des ONG et des agences de l’ONU.

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Prison israélienne d'Ofer, 25 novembre 2023. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Il s’agit de la première photo divulguée provenant d’un des centres de détention israéliens pour prisonniers prise à Gaza. Elle est publiée par la chaîne américaine CNN et confirme que les conditions de détention dans ces camps sont extrêmes. L’alerte est lancée depuis longtemps. Mais le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) n’a toujours pas eu accès à ces prisonniers.

La photo de CNN est prise dans l’un des trois sites de détention. Il s’agit de Sde Teiman, une base militaire implantée dans le désert du Néguev. On y voit des prisonniers en tenue gris-bleu derrière un rideau de barbelés, blottis au sol, les yeux bandés, dans ce qui ressemble à des conditions de détention quotidiennes.

Cette image confirme ce que plusieurs ONG et agences de l’ONU ont déjà documenté dans des enquêtes menées auprès des Gazaouis libérés. Selon ces sources, les conditions de détention s’apparentent à de la torture. Selon un médecin sur place, deux Gazaouis ont dû être amputés des jambes car les liens étaient trop serrés. À l’hôpital, les détenus sont continuellement ligotés et défèquent dans des couches. Les soins sont insuffisants.

Selon Naji Abbas, cela confirme ce que des témoins ont déjà dit. « Les gens sont constamment gênés, c’est-à-dire pendant 24 heures, pendant des semaines et des mois, » dit celui qui s’occupe des détenus pour l’ONG de médecins israéliens Physicians for Human Rights (PHR). Ils ont les yeux bandés tout le temps. Les militaires les ont obligés à rester à genoux de 7 heures du matin jusqu’à 23 heures. Des gens qui ont été détenus pendant un ou deux mois et que nous avons rencontrés après leur libération de Sde Teiman nous l’ont raconté. »

Une gestion totalement opaque

On ne sait pas combien de prisonniers sont détenus à Sde Teiman. Plusieurs dizaines de personnes seraient mortes. L’État juif dispose d’une loi qui définit le statut des combattants illégaux. Il permet une incarcération de 45 jours sans contrôle judiciaire. Mais depuis le 7 octobre, le Comité international de la Croix-Rouge n’a plus accès aux centres de détention. Il n’a pas non plus de liste de prisonniers. La gestion est complètement opaque. Cela contredit la Quatrième Convention de Genève qui définit la protection des personnes sous occupation. L’armée rejette ces allégations comme étant infondées.

Depuis le début de la guerre, le CICR a reçu 7 000 demandes d’informations sur des Palestiniens portés disparus. En Israël, une ONG a récolté plus de 1 500 signatures de médecins pour exiger la fermeture de Sde Teiman. L’Etat hébreu a indiqué qu’il entendait répondre favorablement aux Britanniques qui souhaitent faire venir deux observateurs dans ce centre militaire.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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