« Votre combat est le mien, le nôtre »
CONTREses étudiants en grève de la faim,
Vous connaissez mon attachement à la liberté scientifique. J’ai essayé de la défendre du mieux que j’ai pu pendant ma captivité en Iran. Et je suis fier d’appartenir à un laboratoire, le CERI (Centre d’études et de recherches internationales), à Sciences Po, qui nous a soutenu, Roland Marchal et moi, tout au long de cette épreuve, et qui vous témoigne aujourd’hui sa solidarité.
Durant ces quatre années de privation de liberté, étudiants et chercheurs n’ont cessé de répéter, dans une vingtaine de langues différentes, « Fariba, ton combat est le nôtre ». Aujourd’hui je vous dis : « Votre combat est le mien. Votre combat est le nôtre, chercheurs. » Parce que vous exigez la liberté de pensée, d’expression et un engagement politique en faveur de la paix et du droit international.
Votre combat est le mien, le nôtre, parce que vous condamnez les violations du droit international et les crimes de guerre ou crimes contre l’humanité de tous les protagonistes du conflit israélo-palestinien qui en sont coupables, et parce que vous entendez sauvegarder le droit à la liberté politique et compréhension juridique de cette tragédie – une compréhension qui est la condition sine qua non la paix, qui ne peut être que politique et non militaire.
Au-delà de l’appartenance
Votre combat est le mien, le nôtre, car il mobilise non pas des identités, mais des convictions politiques, philosophiques ou religieuses qui transcendent les appartenances ou les origines culturelles de chacun, comme plusieurs d’entre nous l’ont dit avec force et clarté. vos camarades, dont certains sont juifs.
De la prison d’Evine (à Téhéran)J’avais demandé au Guide de la Révolution de « sauver la recherche, sauvegarder l’histoire pour sauver la liberté ». Je réitère cette demande à l’égard des autorités politiques ou administratives responsables de Sciences Po.
Néanmoins, c’est parce que je suis solidaire de votre cause, chers étudiants, que je vous demande d’interrompre votre grève de la faim pour la remplacer par d’autres formes de lutte, comme j’avais interrompu la mienne, en 2020, à la demande de mes collègues, le directeur de Sciences Po et grand diplomate engagé pour la paix, François Nicoullaud, dont je salue au passage la mémoire.
J’ai besoin de ta force, pas de ton sacrifice
Votre admirable engagement – j’utilise le terme de mon collègue Laurent Gayer – ne doit pas se faire au détriment de votre santé, de vos études, ou de ceux qui vous aiment. La paix, la justice et la reconnaissance politique des droits du peuple palestinien ont besoin de votre force et non de vos sacrifices.
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