« Autoriser l’accès à Internet uniquement à partir de 13 ans sur les téléphones portables est une excellente décision »
Les propositions adoptées par la commission « écrans » mise en place par le président de la République Emmanuel Macron sont courageuses. Si elles sont appliquées, elles provoqueront un bouleversement du paysage social qui ira bien au-delà de la protection des enfants contre les dangers des écrans.
Tout d’abord, l’interdiction des écrans avant 3 ans n’est pas une surprise : depuis 2006 et les premiers mouvements de lutte contre la télévision pour bébés, tous les experts reconnaissent que « les écrans ne sont pas pour les enfants ». Il est heureux que ce constat fasse loi dans des espaces où la relation entre adultes et enfants est particulièrement importante.
L’interdiction des ordinateurs et des téléviseurs dans les crèches et les classes maternelles est une excellente nouvelle, et la limitation » autant que possible « les téléphones portables et les téléviseurs dans les maternités sont tout aussi importants : les jeunes enfants ont besoin du regard de leurs parents et des éducateurs pour se sentir soutenus dans leur exploration du monde et des relations.
Cette recommandation risque cependant de poser problème aux patrons de cafés et restaurateurs qui accueillent des familles dans lesquelles les enfants de moins de 3 ans sont immédiatement assis devant un écran. Le législateur envisagera-t-il d’apposer un avertissement similaire à celui qui rappelle que les boissons alcoolisées sont interdites avant 18 ans ? Il appartiendrait alors à cette profession de veiller à ce que ses clients respectent cette règle.
« Qualité pédagogique » des films
Que les enfants de moins de 6 ans aient accès « fortement limité aux écrans » Ce n’est pas non plus une surprise, et la commission a eu raison de préciser l’importance du choix du contenu et de l’accompagnement par un adulte. Implicitement, cela signifie « qu’aucun enfant ne regarde les informations télévisées avant l’âge de 6 ans ». Il aurait peut-être été utile de clarifier cela.
Mais là aussi, un problème surgit immédiatement. Lorsqu’il s’agit de films (au cinéma ou à la télévision), comment les parents décideront-ils lesquels pourront avoir un « qualité éducative » pour leur enfant âgé de 5, 6 ou 7 ans alors qu’ils ne bénéficient d’aucune autre information que l’interdiction, ou non, des enfants de moins de 12 ans ?
La question est d’autant plus cruciale que les représentants des réalisateurs et des producteurs sont majoritaires au sein de la Commission de classement des œuvres cinématographiques. (CCOC) et exercent une forte pression pour que leurs films échappent à la fameuse interdiction afin de pouvoir être diffusés sur le petit écran en début de soirée.
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