L’Arabie saoudite alarmée par l’impact économique de la guerre à Gaza et appelle à la désescalade
L’Arabie saoudite a appelé dimanche à la « désescalade » au Moyen-Orient et a mis en garde contre les conséquences économiques de la guerre à Gaza, à l’ouverture d’une réunion spéciale du Forum économique mondial (FEM), à laquelle ont participé de nombreux dirigeants et hauts responsables. . Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, des représentants palestiniens et de hauts diplomates impliqués dans les efforts visant à mettre fin au conflit entre Israël et le Hamas palestinien figurent sur la liste des participants au sommet de deux jours dans la capitale Riyad.
La guerre à Gaza ainsi que les conflits en Ukraine et ailleurs exercent une « forte pression » sur l’environnement économique, a déclaré le ministre saoudien des Finances Mohammed al-Jadaan lors d’un panel.
« Je pense que les pays, les dirigeants et les personnes qui font preuve de sang-froid doivent l’emporter et veiller à une désescalade », a-t-il poursuivi.
La guerre a été déclenchée par l’attaque du Hamas le 7 octobre en Israël, qui a fait 1.170 morts, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Plus de 250 personnes ont été kidnappées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon les autorités israéliennes. En représailles, Israël s’est engagé à éliminer le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007 et a lancé une offensive qui a fait 34 454 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Alors qu’Israël s’apprête à lancer une offensive terrestre à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où sont entassés 1,5 million de Palestiniens, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a exhorté depuis Riyad les États-Unis à intervenir pour empêcher une telle offensive. opération qui, selon lui, serait « le plus grand désastre de l’histoire du peuple palestinien ».
Le président du WEF, Borge Brende, a évoqué samedi « une sorte de nouvelle dynamique dans les discussions autour des otages, et (…) une possible sortie de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons à Gaza ». Israël n’est pas représenté au sommet et des négociations sur une trêve via la médiation américaine, qatarie et égyptienne ont lieu ailleurs, mais l’événement sera « l’occasion d’avoir des discussions structurées » avec des « acteurs clés ». , a-t-il souligné lors d’une conférence de presse.
Le département d’Etat américain a indiqué qu’Antony Blinken se rendrait lundi à Riyad pour « discuter des efforts en cours pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza permettant la libération des otages ». Cela « soulignera également l’importance d’empêcher une extension régionale » de la guerre. Le Hamas a indiqué samedi étudier une contre-proposition israélienne de trêve associée à la libération des otages, au lendemain de l’arrivée en Israël d’une délégation de médiateurs égyptiens pour tenter de relancer les négociations dans l’impasse. .
Depuis le début de la guerre, l’Arabie saoudite a travaillé avec d’autres pays pour tenter de mettre fin au conflit qui menace d’engloutir la région et de faire dérailler son ambitieux programme de réformes Vision 2030.
La monarchie du Golfe, premier exportateur mondial de pétrole et poids lourd du monde arabe, mène également des discussions sur un éventuel accord de normalisation avec Israël, accompagnées d’un renforcement de son partenariat de sécurité avec Washington.
En septembre, le prince héritier et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, s’était montré optimiste quant à la possibilité d’un tel accord lors d’un entretien avec Fox News, mais la guerre à Gaza a compliqué la situation, estiment les analystes.
Parallèlement, le royaume conservateur cherche à attirer investisseurs et touristes pour diversifier une économie encore très dépendante des hydrocarbures. Accueillir des événements internationaux comme le WEF lui permet de mettre en valeur les progrès réalisés tant sur le plan économique que social.
« Huit ans après le lancement de Vision 2030, nous avons démontré notre volonté d’ouvrir la voie vers un modèle de croissance transformatrice, innovante, inclusive et durable », a déclaré le ministre saoudien du Plan, Faisal al-Ibrahim.
Des questions demeurent toutefois quant à la faisabilité de ce programme et de ses mégaprojets comme la mégapole futuriste NEOM. En décembre, le ministre des Finances a reconnu que le calendrier de certains grands projets serait repoussé au-delà de 2030, sans préciser lesquels. Riyad prévoit des déficits budgétaires jusqu’en 2026, et son économie a pratiquement stagné l’année dernière après des réductions de la production pétrolière. Mais son PIB non pétrolier a connu une croissance très saine, à 4,4 %, a déclaré dimanche M. al-Jadaan.