« Javier Milei nous montre la voie à suivre »
FIGAROVOX/TRIBUNE – Face à la situation désastreuse de nos finances publiques et à la dégradation spectaculaire du niveau de vie des Français par rapport aux Américains, l’avocat et essayiste invite la France à s’inspirer des réformes économiques radicales initiées par le président argentin.
Charles Consigny est avocat et essayiste.
En ne dégradant pas la note de la France, les agences de notation Moody’s et Fitch ont offert au gouvernement un sursis inattendu sur le front de la dette. Il n’est toutefois pas exclu que l’allègement soit de courte durée puisque Standard & Poor’s doit prendre une décision dans un mois. Certains au sein de l’exécutif – dont, semble-t-il, Emmanuel Macron en premier – semblent croire que la dette n’est pas un sujet et que pour affronter la Chine, les Etats-Unis et la Russie, toute l’Europe devrait emprunter davantage, investir dans des domaines stratégiques qui empêcheront les investisseurs de s’endetter. nous empêcher d’être dévorés par ces grandes puissances. Ce raisonnement est confortable : il nous permet de continuer à dépenser sans compter et de nous abstenir de mener des réformes qui restaureraient l’efficacité du secteur public et sortiraient notre pays de l’enfer budgétaire dans lequel il se trouve en grande partie malgré une politique absurdement décrite par la gauche comme libérale, voire ultra-libérale pour les plus fanatiques – alors qu’elle s’inscrit dans la continuité de ce qui s’est toujours produit depuis quarante ans : toujours plus de dépenses, toujours plus d’impôts, toujours moins de respect pour ceux qui travaillent dur.
Même s’il est devenu un lieu commun de dire que la France meurt de son addiction à l’État (ou plutôt de l’addiction d’une caste de hauts fonctionnaires et de quelques grandes entreprises vivant de la commande publique), elle n’est pas soignée. Elle poursuit une fuite en avant qui coûte de plus en plus cher aux Français, dépassés par la dégradation concomitante et spectaculaire de leur niveau de vie, de leurs services publics et du rang de leur pays dans le monde. Par rapport aux États-Unis, la baisse est spectaculaire : selon les chiffres du Fonds monétaire international (FMI), le produit intérieur brut (PIB) par habitant en 2016 était de 38 350 dollars en France contre 58 180 dollars aux États-Unis, soit une différence de 50%. Il s’élève à 80 % en 2023 : 47 360 dollars en France contre 85 370 dollars aux États-Unis. Nous sommes devenus, pour les Américains, un lieu de vacances bon marché et ensoleillé, comme le sont certains pays du Sud pour nos retraités. Bonne performance !
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Quelle est notre réalité ? Plus de 3 000 milliards d’euros de dette, une fonction publique toujours croissante (68 000 nouveaux fonctionnaires recrutés en 2023) mais toujours moins efficace, une soviétisation des esprits (en témoigne par exemple la proposition du député (Renaissance) David Amiel de créer des logements officiels pour tous les fonctionnaires, comme cela a été fait en URSS, idée qui reflète une étrange volonté de séparer de plus en plus la sphère publique, qui a droit à tous les avantages, du secteur privé perçu uniquement comme une vache à lait), une absence complète et totale de toute tentative de faire la moindre économie et de lutter contre les abus, petits et grands, qui pèsent sur nos comptes publics et conduisent à leur tour à une fiscalité excessive qui décourage tout un peuple (qui sait, par exemple, que le gouverneur de la Banque de France, dont l’utilité est débattue depuis la disparition du franc, perçoit un peu moins de 70 000 euros annuels d' »allocation logement » en plus de sa rémunération d’environ 300 000 euros (qui ne suffirait pas pour se loger à Paris ?), sans parler des divers avantages – conducteur etc. ?), bref une négligence coupable et incompatible avec toute idée sérieuse de gouvernement. La France n’est pas sérieusement gouvernée.
Milei fait actuellement face à des manifestations massives, notamment de la part des étudiants et de la gauche, contre ses mesures : il les a qualifiées de « larmes de gauche » et continue son œuvre bénéfique. Pourquoi ne pas s’en inspirer ?
Charles Consigny
En Argentine, Javier Milei a été élu pour remédier à une situation pas très éloignée de la nôtre. En 1910, l’Argentine était le 8ème pays le plus riche du monde – à peu près le même niveau que la France aujourd’hui, on ose encore rêver. Sa croissance a été brisée par des années de redistribution, de corporatisme, d’impôts punitifs, de corruption, au point de conduire le pays à la faillite pure et simple. Et pourtant, quelques mois seulement après l’élection de Milei, l’État argentin a pu annoncer qu’il enregistrait son premier trimestre d’excédent financier depuis 2008. Autrement dit, les mesures radicales et courageuses – saluées comme telles par de nombreux économistes sérieux, notamment celles du FMI – de ce président controversé ont très vite montré leur efficacité.
En France, notre classe politique avait naturellement, à l’exception de la droite et de l’extrême droite, condamné l’élection de Milei. C’était un « monstre politique» pour Yannick Jadot (Écologues). Il a promis des heures sombres pour les Argentins »,en particulier pour les femmes et les plus vulnérables», selon Sandrine Rousseau, Clémentine Autain ou encore Benjamin Lucas (Nupes). C’était « le choix de l’aventure populiste d’extrême droite» pour Stéphane Séjourné (Renaissance), qui a annoncé «échec et souffrance» à ce grand pays d’Amérique Latine. Et encore.
Javier Milei a proclamé l’inviolabilité de la propriété privée, mis fin aux avantages dont jouissaient les anciens présidents, réduit le nombre de collaborateurs parlementaires, licencié 34% des hauts fonctionnaires, engagé la refonte des médias publics, déréglementé le marché immobilier. , de la santé et de la pharmacie, a supprimé le contrôle des prix, les obstacles aux contrats, a arrêté les travaux publics, a lancé dans tous les domaines un projet de libéralisation de l’économie et de réduction du poids d’un État tentaculaire. Qui ne voit pas que c’est précisément ce dont nous avons besoin en France ? Qui osera le faire ? Milei fait actuellement face à des manifestations massives, notamment de la part des étudiants et de la gauche, contre ses mesures : il les a qualifiées de «larmes de gauche» et continue son œuvre bénéfique. Pourquoi ne pas s’en inspirer ?